Guerre en Utah
Le paysage de la NCAA va changer drastiquement à partir de la saison prochaine. De nombreuses universités changeant de conférence. Au cœur de ces mouvements deux universités à la fois proches, rivales et au destinés divergentes : BYU et Utah, les deux grandes facs du pays Mormon.
La rivalité entre ces deux écoles est une des plus bouillantes du pays, notamment par ce que non seulement elle se base, comme beaucoup d’autres, sur une suprématie locale mais aussi et surtout parce que s’y rajoute des ingrédients religieux et moraux. Ce n’est pas pour rien si le match annuel entre Utes et Cougars est appelé la « Guerre Sainte ». Brigham Young University appartient à l’église mormone ou Eglise des Saints des Derniers Jours. Elle porte d’ailleurs le nom de celui qui guida les fidèles de cette église vers les rives du Grand Lac Salé pour y trouver la tranquillité et des terres vierges pour y bâtir leur « monde idéal », Brigham Young, un des ancêtres directs de Steve Young le légendaire QB des 49ers et ancien de BYU. C’est donc une université privée et religieuse, la plus grande du pays même dont les étudiants sont à 98% des fidèles de la foi mormone. Située à l’écart de la ville de Salt Lake, à Provo, elle est conservatrice, rurale et (le terme politiquement correct est assez amusant) « monochromatique ». Pour être clair, blanche. Protégée et isolée au cœur des Rocheuses elle mène son petit bout de chemin depuis des décennies tant sur le plan académique que sportif.
Mais voilà, en Utah comme ailleurs la société change. Et Salt Lake et sa région sont devenues ces 20 dernières années une des régions les plus dynamiques du pays accueillant de nombreux nouveaux venus de tout horizons attirés par un climat beau et sec, une qualité de vie parmi les meilleures du pays sans bouchons, pollution et crimes, au pied de montagnes superbes aux stations de ski les plus modernes de la planète.
C’est là qu’arrive Utah University. Installée en ville, longtemps à l’ombre de sa rivale, l’Université publique est devenue ces dernières années le symbole du nouvel Utah, ouvert, dynamique. Si au sein de l’équipe des Utes on trouve toujours 50% de Mormons aujourd’hui, la fac comme son équipe de foot sont devenus particulièrement représentatifs de la nouvelle diversité de la ville avec de très nombreux polynésiens, noirs-américains et asiatiques. C’est aussi en ce sens que la rivalité entre les deux écoles et entre les deux équipes est devenue de plus en plus acharnée ces dernières années. Entre anciens et modernes, entre conservateurs et progressistes, ruraux et citadins on a largement dépassé le simple cadre du football. En 2007 quand le receveur Austin Collie de BYU déclare après la victoire des siens 17-10 que « Quand vous faites ce qui est bien sur et en dehors du terrain, Dieu choisit son camp » on imagine les réactions dans le camp d’en face. Et encore plus pour ceux qui sont Utes ET Mormons comme le centre Taylor qui déclarait récemment : « On se sent offensés quand ils veulent donner l’impression qu’ils sont de meilleurs mormons que nous parce qu’ils sont dans une école religieuse »
Aujourd’hui les deux institutions sont à la croisée des chemins. Membres de la Mountain West Conference elles ont décidé de profiter des changements en cours en NCAA pour tenter leur chance ailleurs. Mais si Utah file vers la grande et prometteuse Pac 12, BYU s’isole encore plus en devenant indépendant, un pari risqué, n’est pas Notre Dame qui veut… Si ces mouvements sont représentatifs de l’évolution de l’Utah au cours des dernières décennies, on peut pourtant précisément dater le jour où tout a basculé : Un soir de décembre 2004. C’est en effet ce jour là que Kyle Whittingham a fait son choix, celui du potentiel d’Utah plutôt que de la tradition de BYU. Whittingham, c’est un peu l’Utah à lui tout seul. Son père, Fred, mormon, fut un grand LB à BYU qui se maria avec une cheerleader, joua quelques années en NFL puis revient au pays coacher. Ces 4 fils, dont Kyle, jouent à Provo High puis à BYU. Kyle se marie à la fille d’un prof de BYU. Et puis Fred décide de rejoindre le staff de Utah comme coordinateur défensif. Il embauche là bas son fils en 1994. Le fils succède au père, devient coordinateur défensif et ce fameux soir de décembre 2004 se voit proposer le job de head coach par Utah ET BYU! Le même jour ! Le choix est cornélien. Mais au bout de cinq jours il se décide. Ce sera Utah. Le choix de la raison et de l’avenir. Six ans après il a construit un des plus beaux programmes du pays et a fait de sa fac une « nouvelle grande ».
En septembre Utah commence sa saison Pac 12 contre USC. BYU a monté de son coté un calendrier basé sur les équipes de la moribonde WAC. Reste la « Holy War », le 17 septembre. Il va presque sans dire que Utah sera le favori.
Olivier
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ça serait drole que BYU rencontre une fac de hippies genre Stanford ou Cal ^^
RépondreSupprimerArticle très intéressant.
RépondreSupprimerje suis pas sur que du côté de Stanford on apprécie le "hippie"!! LOl
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