Il lui manque l’innocence. Le gamin. L’amour du jeu.
Le problème du footeux français c’est que comme tout les gosses de ce pays, il a passé les 12 premières années de sa vie à taper dans un ballon de foot dans la cour de la récré, à regarder l’OM ou le PSG entre Papa et Tonton le dimanche soir sur Canal et à coller les vignettes Panini du FC Metz comme des images saintes. A 8 ans il rêvait d’être Platini ou Zidane, leurs posters bien épinglés au dessus de son lit. Quand il a trouvé le foot US il n’avait plus le cœur à rire ou à rêvasser , il a appris les règles sur Madden en buvant de la bière en douce quelques « Penthouse » planqués sous son matelas. Quand il a dit à son père qu’il était allé voir « ça » pour de vrai celui ci a haussé les épaules et c’est justement pour ça qu’il y est retourné. Ensuite il a essayé de rattraper les 13 ans de retard pris sur n’importe quel gosse du Texas. Il s’est goinfré de vidéos, de journaux, de bouquins, a passé des nuits blanches à suivre des matchs se jouant à 5000 kilomètres de là, s’est mis à la muscu et n’a plus quitté cette nouvelle confrérie pleine d’autres assoiffés et boulimiques casqués. Il a appris l’histoire du sport, ses légendes. Il connaît les formations, les coachs, les grands moments. Mais rien n’y fera, il ne pourra jamais être un gamin de 6 ans de New Berlin, Arkansas qui rêve d’être Joe Montana en regardant le Monday Night Football assis entre Papa et Tonton. Il ne rattrapera jamais les parties de touch avec les copains l’après midi après l’école, ni les vendredis soir boueux dans les tribunes du stade du Lycée à applaudir aux exploits de ce grand benêt de cousin Jim. Pour lui le foot us ne sera jamais un souvenir innocent et sans enjeu d’une enfance paisible. Pour nous le foot us a toujours été une affaire sérieuse, un moyen de s’affirmer, de se montrer, de se comparer, de vérifier qui avait les plus grosses...
Oui nous sommes tous un peu des « vieux » de l’OSSA , un peu trop passionnés, un peu trop enflammés, un peu trop prétentieux. Comme tout les autodidactes on a pas pris assez de coups de règle sur les doigts .
Alors l’autre soir après l'émission d'OSSA j’ai ouvert ce vieux livre et suis retombé sur cette vieille illustration de Norman Rockwell. « The Referee ». Deux gosses à l’équipement minable, aux casques mal ajustés, capitaines de leurs toutes aussi minables équipes de high school, regardent la pièce jetée en l’air par un ref débonnaire. La lumière si nette des automnes du Nord Est américain éclaire la scène. On entrevoit parents et amis dans les petites tribunes en bois . Le match sera vraisemblablement bidon et peu importe. Ce n’est qu’un jeu, un truc de gosses. Y aura ni sacks de la mort, ni bombes de 50 yards. Pas de titre en jeu ni même de place en playoffs. Juste quelques bobos soignés par des mamans poules, peut être des larmes éphémères oubliées dès le sandwich au beurre de cacahouète du dîner. Avant que Papa ne s’énerve encore pour rien en gueulant devant un match sans importance des Yankees.
Et si on essayait d'être un peu plus souvent comme ces deux grands dadais? Amusons nous, soyons des gosses sur tout les terrains de France pendant cette saison qui va bientôt commencer. Plus que notre passion, plus que notre ambition, que ce soit l’envie de jouer comme du temps de nos matchs de soccer dans la cour des moyens qui soit notre guide!
Merci, très beau texte !
RépondreSupprimerJe sais pas si l'on peut tous s'identifier à ce profil, il correspond sûrement plus au geek de la première heure
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