La finale vue par Cassandre

Splendide. Sublime. Magnifique. La grande fête du Football américain français a bien eu lieu. Cheerleaders, Marching Band, Flag, défilé des équipes présentes dans les tribunes. Tout bien réussi. Avec tous nos clichés aussi. D’autres appelleront cela : la tradition. On a même eu droit aux grincheux de la buvette. « Quand même ! Pas moyen d’être servi en moins d’une heure pour deux bières… » Nous, on était venu voir du Foot. Et ce fut complet, jusqu’à la dernière seconde. Même le scénario ! Voilà qui scelle notre dernier rendez-vous de la plus belle des façons. Sur la pelouse on était monté d’un cran. Et partout. Sur le bord, le match Criner vs Legault nous a beaucoup plu. La fête était donc parfaite. Le décor planté. L’affrontement pouvait avoir lieu. Avant que j’oublie, je vous dis à tous : MERCI.

Sans doute que Larry va se creuser les méninges pendant longtemps. Encore. Aura-t-il la capacité de remettre en cause un système. Sa Wing T. Un principe de vie. Une marque de fabrique. Tenter d’analyser cette défaite autrement. Avec la distance. Son recul. Le pragmatisme qu’on lui connait. Tout un système oui. Celui qui est venu mourir à quelques mètres de la dernière ligne d’en-but de la saison. Là où Criner avait choisi l’alternance. A merveille. Jusqu’à l’excellence ! Durand, notre MVP de la saison. Quelle prestation. Voilà l’une des meilleures performances pour un QB français en finale. Encore Bravo. Bien sûr, on pourrait vous parler du jeu au sol qui a rendu cet équilibre possible. D’une ligne offensive. D’un socle. Magistral. Sur laquelle repose toute l’attaque. De l’intelligence de ce diable de Criner. C’est lui le grand gagnant. Après un premier échec avec Amiens, il y a 5 ans. Le vieux sage au moment opportun. Mais sans doute que le plus grand honneur reviendra à une défense de MVP. La solidaire. L’athlétique. La décisive. Elle a dominé de toute évidence. La ligne offensive des noirs a pris la marée. Débordée. Ne parvenant jamais à récupérer leurs assignations. Le trident des Black Panthers étouffé. Ne s’exprimant qu’à de très rares occasions. Au prix, trop souvent, d’un exploit personnel. Sprauel juste en dessous. Durand a tout pris. La conduite du jeu. Le leadership. Ses responsabilités.

Amiens venait de démontrer à une France critique que son système, sa formation. Quoiqu’on en pense ! Etait une machine à gagner. 3 victoires en 9 ans. 1 titre tous les 3 ans. Le potentiel était immense lorsqu’il se motivait pour jouer. Et l’on regrette déjà que ce niveau ne puisse être maintenu toute une saison. Les ambitions européennes sont même passées à la trappe. Faute de régularité ! Enfin Thonon : Quelle tristesse ! L’année où jamais. C’est raté. C’est cuit les 25 ans. Ne récompensant pas une saison remarquable. Historique. Les valeureux sont tombés au combat. Le regard humide de leurs supporters. La défaite d’un jeu moins complet. D’une équipe pleine de vieilles habitudes. Et de petits défauts. On se souviendra encore longtemps de ces rares erreurs mais déjà trop nombreuses. Turnovers comme toujours décisifs. Un backfield défensif manquant d’expérience. Laissant de rares espaces aux receveurs picards. La zone intermédiaire. Le jeu de passe courte. Drag. Cross. Curl. Et les autres… Enfin, lorsque vous basez tout un système sur le duel. Le physique. Que tout le monde vous connait. Bien longtemps avant le début de la rencontre. Vous vous devez de dominer outrageusement les lignes ! Emporter tout sur votre passage. Planter son adversaire au sol… Ce ne fut pas le cas, voilà tout.
Khandar fut l’insolent à qui tout réussi. Le jeune coureur d’Amiens courrait sur l’eau. Marquait le seul TD de la rencontre : Récompensant le travail de tout un collectif. « Sur les jeux de course j'avais des boulevards. Moi je me suis contenté de courir. Après quand j’arrive dans le end zone ça m'a fait bizarre je cherchais les poteaux !» Face à l’innocence de ce jeune premier : La puissance de Hall, la vitesse de Laury, le métier de Kiernan. Rien. Les Spartiates étaient supérieurs. La victoire de l’initiative et de la jeunesse ! Oui, bien sûr Thonon pourra nourrir quelques regrets. Celui d’un Field Goal de la dernière chance. Contré. Amiens méritait sa victoire. Score final 10 à 07 pour les Spartiates. Ce vieil iroquois de Leprêtre pouvait alors se draper de jaune. Comme un champion. (Nous n’évoquerons pas ici le choix de ses sous-vêtements étoilées au risque de déclencher une nouvelle polémique ! Amiens s’est montré plus inventif dans tous les compartiments. Vraiment).

2004, 2010, 2012… Les Spartiates favoris à leur propre succession ? Cela dépendra bien évidement de la stabilité de son Coaching Staff, des mouvements de joueurs à l’intersaison, des ambitions de son club pour la saison prochaine. L’Europe deviendra-t-elle un objectif ? La nouvelle génération du Flash saura-t-elle faire aussi bien que les grands ? Les Black Panthers, si proche du but, parviendront-ils à repartir pour une longue saison de Wing T ? Nice gardera-t-il le cap ? Les Cougars se relanceront-ils comme les Dauphins viennent de le faire ? Grenoble va-t-il sombrer avec le départ de joueurs cadres ? Les Molosses réussiront-ils à confirmer ? Pessac, champion invaincu, sera-t-il le futur Cendrillon ? Autant de questions et bien d’autres… Les premiers signes de réponses dans quelques mois. Avant de découvrir une nouvelle épopée, en plusieurs actes, des gladiateurs de notre championnat. Bonne vacances à toutes et à tous ! Longue vie à 4th and Goal !

La vérité est venue, comme toujours du terrain.

Photo: Eric Guitierrez