Une décision qui ne règle rien.

La nouvelle est tombée hier après-midi, nous avons eu le détail de la décision la nuit dernière: La FFFA a donné raison aux Templiers d’Elancourt suite à leur réclamation lors du match de barrage contre les Cougars. L’équipe de St Ouen l’Aumône se retrouve officiellement forfait général et reléguée en Casque d’Or. Les Templiers retrouvent l’Elite.

Que penser de cette décision ? Qu’elle n’est sans doute pas plus juste ni plus injuste que la décision inverse qu’aurait pu prendre la fédération. Les deux clubs avaient des arguments somme toute valables. Les Templiers demandaient l’application du règlement stricto senso qui oblige un « import » à avoir « participé » à la moitié des matchs de saison régulière pour faire un match de phases finales. Les Cougars eux faisaient valoir le fait que leur QB américain Verica avait fait partie de l’équipe depuis le début de saison, avait participé à tous les matchs de l’équipe que ce soit comme joueur (3 fois) ou comme coach (les 7 autres matchs) et que la dite règle avait été mise en place pour éviter une « course aux armements» de fin de saison ce qui n’était pas le cas ici. La fédération a interprété son propre texte dans le sens des Templiers, écartant la participation comme coach de Verica en faisant une distinction entre un « joueur » et un « non joueur ». Une interprétation qui en vaut une autre. En elle-même la décision fédérale n’est pas scandaleuse. Elle peut être contestée, est peut-être même contestable (les Cougars feront ils appel ?) mais elle suit une certaine logique.

Non le problème n’est finalement pas là. Cette décision, on le savait avant même qu’elle ne soit prise, ne règle rien en fait. Les règlements fédéraux ont une nouvelle fois fait la preuve de leur inadéquation avec la réalité du terrain. En punissant une équipe qui n’a rien fait d’anti-sportif, qui a simplement fait jouer un de ses joueurs, blessé en cours de saison et de nouveau opérationnel, ce règlement ne rend pas justice à notre sport. Il pousse juste, comme c’est le cas très régulièrement ces dernières années, à ce que des clubs, (mais peut-on les blâmer ? Après tout c’est leur droit !) posent réclamations après réclamations. Aujourd’hui la quasi-totalité des clubs de D1 et D2 ont constamment au-dessus de leur tête une épée de Damocles juridique prête à s’abattre sur eux, à ruiner leur travail de construction. Quel club dans notre fédération respecte à la lettre cahiers des charges et règlements fédéraux ? Règlements souvent obscurs et sujets à interprétation d’ailleurs … Dimensions de terrains, de vestiaires, équipes B, juniors, cadets, quotas de transferts, prêts, JAFs, statistiques, vidéos, forfaits « confort » et j’en passe… Qui est « clean » ? Personne. Quand en plus les sanctions prévues sont très rarement proportionnées (en gros c’est la peine de mort que vous ayez volé une pomme ou tué toute la famille…) il est somme toute normal que notre sport soit plongé en continu dans psychodrames et batailles juridiques. Aujourd’hui la direction fédérale ne peut d’ailleurs plus rien faire pour permettre à notre sport de retrouver la sérénité. Chacune de ces décisions (celle d’hier, celle concernant les Spartiates il y a quelques semaines, sa future décision sur les possibles sanctions d’équipes de Casque d’Or Sud) est par nature sujette à être remise en compte. « Pourquoi eux et pas eux ? » « Pourquoi sanctionner lui et laisser passer celui-ci ? ». Respecter le règlement à la lettre c’est avoir l’an prochain 2 clubs en Elite et 5 en Casque d’Or…. Avoir des ambitions dans la structuration des clubs c'est bien. Leur imposer des objectifs inatteignables et les pousser de facto à être hors jeu c'est contre-productif.

Plus que jamais il faut remettre à plat les règles du jeu. Et cela devient très urgent. Car dans l’état actuel des choses il n’y a aucune raison pour que la saison prochaine se passe autrement. Sous peine de tuer sous une avalanche de paperasse juridique toutes les belles choses que nous voyons chaque week-end sur les terrains.

Photo : Lucio Persiani