Témoignage après un "coaching trip" en Floride
Le Head coach des Falcons de Bron, Julien Urgenti, a voulu partagé avec nous une expérience intéressante:
"Au début du mois d’octobre, j’ai eu la chance de pouvoir passer une semaine au sein du programme de football d’un lycée privé du sud de Miami. Une semaine au cours de laquelle le staff m’a donné accès libre à toutes les infrastructures, tous les entrainements. Le deal était simple: J'aidais les professeurs de français et de journalisme (je suis journaliste dans la vraie vie) dans leurs classes du matin et en échange j'étais nourri et logé gratuitement.
Je dois commencer par vous dire que ce voyage est accessible à tout le monde. Je n’avais, par exemple, pas de contact privilégié aux USA avant de partir. Tentez votre chance, vous serez surpris de l’accueil qu’on vous réservera de l’autre côté de l'Atlantique! Car c’est sans doute cela, la première leçon que je retire de mon expérience.
Aux USA, le coaching est une fraternité. Là où en France, les échanges sont peu nombreux entre les entraineurs de différentes équipes, eux sont fiers d’ouvrir les portes de leurs programmes. L’échange d’informations et d’idées est même la base de leur formation continue via les nombreux "clinics" organisés chaque printemps. J’ai donc été accueilli à bras ouverts.
L’équipe, les Palmer Trinity Falcons, évolue dans une des plus petites classifications de Floride (1A) au sein d’une ligue indépendante du Sud de Miami, qui ne comprend que des lycées privés (je ne m’étendrais pas sur l’organisation du football lycéen aux USA qui est assez complexe et qui peut changer d'Etat en Etat. Si vous souhaitez en savoir plus, demandez à Olivier d'écrire un article sur le sujet!). De France, on imagine souvent le High School Football comme une religion ou une institution inébranlable. Alors, certes, le vendredi soir l’engouement est important. Les gradins sont remplis d’élèves et de parents, ça sent bon les hot-dogs et les burgers et les cheerleaders s’agitent bien comme dans vos rêves. Mais j'ai été surpris d'apprendre que certains lycées ferment leur programme de football. Trop cher et trop dangereux sont les arguments communément avancés. Et puis comme me l'a dit Coach Mapple, le Head Coach des Falcons : « Kids are kids ». Les ados américains sont les mêmes que chez nous : Ils ratent des entrainements, veulent tous catcher 20 ballons par match s’inventent parfois des bobos et ne sont pas tout le temps sérieux lors des pratiques... Bref, les coaches là-bas font face aux mêmes problèmes de management que nous ici.
En fait, la plus grande différence se situe sans surprise au niveau de l’organisation : 5 entraineurs pour un roster de 38 joueurs dans l’équipe varsity. 4 entrainements de 2h15 par semaine plus les cours de Physical Education (1heure chaque jour pour chaque étudiant) au cours desquels les étudiants athlètes peuvent choisir l’option musculation. La saison régulière elle se compose de 10 matches de saison régulière répartie de fin aout à début novembre.
A Palmer Trinity, une semaine de match se déroule comme suit.
Lundi Séance Vidéo : Deux courts montages du dernier match sont diffusés aux joueurs. Le premier comprend toutes les erreurs commises sur les 3 phases de jeu (pénalités, mauvaises assignations, erreurs individuelles). Les coaches ne nomment pas les joueurs mais pointent les erreurs et donnent les clés techniques pour les corrections. Le second montage comprend les meilleurs actions offensives, défensives et sur spécial teams. Plus court et plus rythmé, il sert surtout à motiver ou remotiver les joueurs avant d’entrer sur le terrain pour un entrainement light. Encore une fois, l’idée est de corriger les erreurs du vendredi précédent.
Mardi Live: Pendant deux heures tous les exercices sont live et les coaches exhortent au défi physique sur chaque atelier. La séance se termine par une courte présentation de l’adversaire à venir.
Mercredi Scouting Day : Dans la ligue où évolue Palmer Trinity, l’échange de vidéos n’est pas obligatoire. Par conséquent, un coach est chargé de scouter tous les adversaires. Le staff présente les forces et les faiblesses de l’adversaire et le plan de jeu pour le match.
L’entrainement sert à rouler les jeux offensifs et défensifs qui seront appelés le vendredi. Les remplaçants des deux escouades pratiquent les principaux jeux des adversaires.
Le jeudi est traditionnellement réservé aux unités spéciales, à des mises en situations : 2 minutes ou 4 minutes drill, goal line, etc. Lors de ma semaine de là-bas, nous avons appris que l’équipe qui devait venir jouer déclarait forfait pour le lendemain... Grosse déception pour moi évidemment ! Le staff a toutefois tenu à m’emmener voire les fameuses Friday Night Lights et nous sommes partis scouter leurs prochains adversaires.
Depuis mon retour, beaucoup me demandent ce que je retiens de cette semaine. Premièrement, qu’il n’existe pas de recette magique. Il n’y a pas une meilleure façon de faire aux USA. Sans prétention, j’ai vu des coaches et des joueurs faire des erreurs là-bas comme ici. L’organisation que je vous ai brièvement présentée n’est évidemment qu’un exemple parmi tant d’autres. Le programme que j’ai suivi ne fait d’ailleurs pas partie de l’élite. Selon moi, la différence principale est culturelle. C’est leur culture et leur histoire qui leur donnent les moyens (financiers et humains) de faire de leur sport ce qu’il est.
La deuxième chose que je retiendrai et qui est d’ailleurs étroitement liée à la première, c’est qu’en tant que coach nous faisons partie d’une communauté. Nous ne sommes pas adversaires, nous avons tous le même but : Progresser et faire progresser nos équipes. Alors, humblement, j’aimerai tous vous pousser à participer le plus souvent possible aux "clinics" qui sont organisés par vos ligues ou la fédération. Pour ceux qui auraient encore peur de partager leur savoir avec un coach voisin ou ennemi, je citerai simplement Coach Von Scherer, Athletic Director de Palmer Trinity (l’homme qui m’a permis de faire ce stage) : « L’important ce n’est pas CE QUE tu joues mais COMMENT tu le joues ». Pour la petite histoire, Coach von Scherer a été élu deux fois meilleur Coach de Floride et porte une bague pour avoir Champion de Conférence lorsqu'il était coordinateur offensif des Missouri Valley Vikings (NCAA D2). Et pour avoir passé beaucoup de temps avec lui pendant mon séjour, je peux vous assurer qu’il est très respecté à son niveau.
Le troisième enseignement que je retiendrai est la primauté de la structure. Rien n’est plus important que l’école ou la communauté. C’est un principe que l’on peut exporter facilement. Rien n’est plus important que le club, pas même la victoire... Combien de clubs en France ont perdu des générations de joueurs parce qu’ils ont privilégié l’équipe sénior au détriment des équipes de jeunes ? Combien de clubs en France ont connu des saisons noires après avoir cédé à l’illusion d’une montée ou d’un titre ? Certains clubs chez nous (Le Flash, Les Black-Panthers pour ne citer que ce que je "connais" le plus) l'ont bien compris et transmettent leurs traditions et leur culture aux jeunes générations.
Enfin, j’ai ramené de Floride de solides contacts pour ne pas dire de nouvelles amitiés. Coach Von Scherer va par exemple suivre notre saison et sera désormais pour moi un conseil et un référant.
J’espère sincèrement que ce simple témoignage aidera certains d’entres vous à tenter l’aventure. Pour ceux qui souhaiteraient me poser des questions plus précises vous pouvez me contacter facilement via ma page facebook"
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