Nicolas S nous a concocté une longue et passionnante interview de Vincent Guéguen, ex Kelted, Caimans et Mariners, installé désormais au Québec et coach des DBs des Elans du Cegep de "FX" Garneau …
- Comment as-tu commencé le foot us? Quelle a été ta carrière de joueur en France?
- J'ai commencé le football en 2001 à 19 ans aux Kelted qui étaient alors du coté de Le Saint dans le centre Bretagne. J'y ai joué jusqu'en 2004 avant de partir aux Caïmans pour finir mes études à l'université au Mans. Bon comme je suis abonné aux blessures j'ai très peu joué… S'en ait suivi en 2006 une saison aux Mariners de Vannes. J'ai commencé comme running back puis j'ai régulièrement joué receveur et défensif back.
- A quelle époque as-tu commencé le coaching et pouquoi?
- Il y avait un groupe de 8 joueurs du coté de Lorient qui voulait pratiquer le flag alors Eddy Telchid des Kelted a fait confiance à moi et mon frère pour les encadrer. Comme on avait apprécié notre premier coach de football, Christophe Bigot, on avait quelques petites bases pour s'y prendre. J'avais apprécié l'expérience et j'ai continué à encadrer un peu les juniors aux Caïmans et les Impalas au flag lors de mon passage au Mans avant de prendre en main la défense aux Mariners en seniors et juniors.
- Pourquoi es-tu parti au Canada?
- C'est un long projet à la base. Ça a commencé lors du deuxième voyage familial en Amérique du Nord. Nous sommes montés dans l'Ouest canadien (de Vancouver jusqu'à Calgary) et je suis "tombé en amour". Comme je commençais tout juste l'université, le projet est resté au stade très embryonnaire. J'ai été mis en contact via mon frère avec Jean-François Courtemanche (Jay-F) en 2002 et jusqu'à mon départ, je n'ai pas arrêté de le harceler de questions.
Lors d'un voyage rapide à Montréal en 2006, Jay-F m'a demandé de descendre au CEGEP de Thetford Mines pour assister au match d'ouverture de la saison 2006 des Filons. En regardant sur internet et avec messenger ouvert, je vois un ancien coéquipier du Mans, Romuald Desprez-Coutelle, avec le statut "joue et étudie au Québec" et donc je lui demande où. Il me répond au Cégep de Thetford et je lui dis "alors à dimanche pour le match!". Il y avait eu une ambiance de malade en plus d'une victoire des Filons donc ça m'a vraiment donné envie de revenir. Chose faite en avril 2007 où en discutant avec Jean-Marc Millien (head coach à l'époque) et Robert Rousseau (directeur des études et responsable de l'équipe), j'ai proposé mon aide pour le camp d'été 2007. J'y ai passé 3 semaines inoubliables avec Jay-F et Jean-Sébastien Le Roch des Mariners venu prendre contact avec le Cégep pour venir y étudier. Comme on avait fait bonne impression, JS a tout de suite fait les démarches pour venir étudier et moi je devais faire les démarches pour un visa. Chose assez simple à faire avec le PVT (Permis Vacances Travail) qui te permet de travailler au Canada pendant 1 an. Comme l'hiver avait été très enneigé, j'ai attendu mai 2008 pour partir!
- Tu as joué là-bas?
- J'ai joué juste une saison en senior avec les X-Men de Beauce, une sacré bande de phénomènes! C'est à peu près un niveau élite en France. C'est du football civil donc les entrainements sont plus des répétitions de jeux que de la technique ou du physique. Comme les gars ont pour la plupart joué au secondaire (5 ans) et au Cégep (3 ans), plus vraiment besoin de technique… il y a avait aussi d'anciens universitaires ce qui rendait la ligue quand même d'un bon calibre. J'étais bien sûr back up mais ça m'a permis d'apprendre beaucoup sur le football canadien grâce au coach Manu Rodrigue. On a été dominant cette saison-là et on a fini avec le titre.
- Et comme Coach alors?
- J'ai commencé donc avec les receveurs à Thetford où on était 2 coachs sur la position. Pendant la saison, notre coach des DBs a dû s'absenter plusieurs semaines pour subir une opération au genou. J'ai donc demandé à le remplacer. Suite à la saison 2008, on a eu un changement de head coach donc le staff a un peu changé. Je suis retourné avec les receveurs en 2009. Suite à cette saison qui m'a déçue, j'ai décidé de quitter l'organisation. Puis à défaut de trouver du travail à Thetford, j'ai déménagé à Québec. Il y a 4 cégeps dans la région de Québec qui ont une équipe de football: Lévis, Notre Dame de Foy, Limoilou et François-Xavier Garneau. Je connais des coaches de Lévis mais c'était trop long question temps pour m'y rendre. J'avais eu des retours moyens de Notre Dame de Foy avec un ancien joueur et on avait joué Limoilou l'année d'avant avec Thetford et leur mentalité était exécrable. Il restait donc Garneau qui est la seule équipe de la région de Québec qui évolue au niveau AAA (division 1 maintenant) qui est le meilleur niveau collégial au Québec. J'ai contacté le head coach Pat Boies pour participer au camp de printemps et d'intégrer le staff en tant qu'assistant car je ne jugeais pas avoir le niveau mais je voulais apprendre tout en contribuant.
- Facile de se retrouver comme coach là-bas?
- Au premier abord, l'accent français est toujours suspect (vieilles rancunes d'il y a quelques siècles…). C'est sûr que ça leur fait bizarre mais une fois que tu parles football il n'y a plus de nationalité qui compte. Ca chambre de temps en temps et je le prends plutôt bien. Ce sont des jeunes de 17 à 20 ans et ils sont assez curieux. Ça permet de développer une complicité avec les gars donc de mieux s'intégrer. Aussi dans le staff à Garneau, des coachs sont passés par la France (Pat Boies, Francis Boivin et Pascal Trudeau du coté de Cannes). C'est sûr que tu dois performer surtout là où je suis car le niveau est très élevé. Après une année de découverte assez rude du collégial AAA en 2010, j'ai vu les points importants à travailler et maintenant je sais où je m'en vais dans mon coaching.
- Quelles différences principales avec foot français?
- Le football est pratiqué au niveau scolaire. Les jeunes sortent des cours pour aller sur le terrain 4 fois par semaine. Leur matériel est fourni par leur école et ont pour la plupart un coach par position. Autre point non négligeable, pour jouer tu dois passer tes cours ce qui est pas toujours simple pour tout le monde. Et aussi tu laisses ton égo à la maison, les mauvais comportements sur et en dehors du terrain sont sanctionnés. Comme le football au Québec se développe énormément, il y aura toujours quelqu'un pour remplacer un cas à problème. Généralement, les joueurs prennent à cœur le football et se remettent dans le droit chemin si il y a des écarts de conduite.
Concernant le football senior qui est civil (sauf le semi-pro dans certaines provinces et la CFL), c'est encore plus l'arrache que dans certains clubs en France. Tu peux voir arriver en match des gars qui n'ont pas pratiqué pendant plusieurs semaines et te sortir un match de fou… Quand tu as mangé du football à la grosses cuillère pendant ta jeunesse, ça laisse des automatismes!
-Tes ambitions dans le foot?
- Pour l'instant je me trouve très bien où je suis. C'est un bon compromis entre ce que je connais et ce que je peux apprendre. J'aime les coaches avec qui je travaille, ce qu'on fait en défense est complexe et passionnant, notre attaque est la seule a joué du spread no huddle au niveau collégial, l'organisation est excellente et les joueurs sont affamés de football. Je travaille aussi "le jour" car le football ça nourrit pas et comme je travaille pas loin du Cégep, j'arrive à concilier les deux (pour l'instant). Le niveau universitaire, c'est beaucoup plus de contraintes et c'est un travail à plein temps. Je suis un passionné de football mais pas au point d'en faire mon métier et puis ça prendra encore beaucoup d'années pour avoir le niveau. Si l'expérience à Garneau s'arrête, peut-être que j'irai coacher les juvéniles (15-16 ans) où je retourne à mon autre passion qui est la musique.
- Conseillerais-tu à un coach français de venir au Québec?
- Oui car c'est une expérience très enrichissante. Même juste un camp de 2-3 semaines en août ou 2-3 jours en mai dans une bonne organisation va t'apporter énormément. Ca dépend aussi de tes ambitions, de quel niveau tu veux coacher et à quel niveau tu peux coacher. Ça prend aussi un temps d'adaptation aux particularités du football canadien. Par contre si tu t'attends à en vivre, oublie ça. Même si t'es le meilleur coach européen, il y a personne qui te connait. Il faut être humble, patient, ouvert d'esprit, travailleur et passionné. C'est sûr que le niveau canadien sera toujours inférieur au niveau américain, ça reste qu'en français, avec un autre accent certes, c'est peut-être plus simple de tout comprendre!
-Même pour une saison?
- Oui si possible à partir de février pour vivre tout l'hiver avec les joueurs, le camp de printemps, le camp d'été et la saison de aout à novembre. Avec un PVT, qui est le visa de travail le plus facile à obtenir, ça peut être quelque chose à faire.
Photo: Dorothée Harvey
X-MEN #19
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