Petit portrait du Hurling

Dans l’imaginaire collectif un Irlandais est vif, bagarreur, sans peur et un peu cabossé. C’est donc un joueur de Hurling. Oui bien sûr, l’Irlande nous a habitué à des joueurs de rugby voir de soccer répondant à ce portrait mais c’est vite oublier que ces deux sports ne sont que 3ème et 4ème dans la hiérarchie sportive locale. Si le football gaélique est roi, le hurling n’est pas très loin derrière et encore plus que son grand frère, il est, en quelque sorte, la représentation parfaite de l’Irlande version sport.

A la mi- temps du Croke Park Classic entre Penn State et UCF on a pu découvrir ce sport méconnu mais particulièrement spectaculaire lors d’une démonstration qui a été fort appréciée par les 55 000 fans de foot US présents.

Les origines du sport sont aussi anciennes que celles de son peuple. Certains parlent de plus de 3 000 ans et tous s’accordent sur les racines celtes de ce jeu. Codifié depuis la fin du 19ème siècle, ses règles sont relativement simples : 15 joueurs dans chaque camp, une cage de soccer dont les deux poteaux montent plus haut que la barre transversale, un grand terrain de 135 mètres de long. Comme au football gaélique, on marque 3 points si on tape la balle dans la cage, un point si ça passe entre les poteaux mais au-dessus de la barre. On note le score avec le nombre de « goals » (3 points) suivi du nombre de « point » (1 point). Par exemple si le score est de Dublin 3-10 - Galway 2-12, Dublin a gagné le match 19 à 18. Pour tirer, passer, « dribbler » (le porteur de la balle ne doit pas la tenir en main plus de 4 pas), on se sert d’une courte crosse de bois (le hurley), ressemblant quelque peu à une pala basque. Le jeu est physique, les fautes rares. On ne plaque pas, on ne retient pas les joueurs adverses (mais pour le reste c’est open bar), on ne ramasse pas la balle au sol (on s’aide du hurley), on ne lance pas la balle à la main (mais on peut taper dedans avec sa main nue sauf pour marquer), on ne change pas la balle de main quand on la tient et on ne lance pas son hurley (quoi que je doute que cette règle ait été appliquée aux origines du jeu !). C’est à peu près tout.

La petite balle de liège et de cuir (le sliotar), file à 150 km/h quand elle est bien tapée et pendant deux fois 35 minutes, sans protections aucunes (avant qu’on les oblige à porter un casque depuis 2005), les 30 protagonistes s’en donnent à cœur joie. Les chercheurs de l’University College de Dublin ont résumé ça de manière assez laconique lors d’une étude récente par un : « la fréquence des blessures au hurling est élevée en comparaison des autres sports ». Avant les casques et leurs grilles protectrices, le visage et les yeux étaient souvent en première ligne, le CHU de Cork déplorait en moyenne deux aveugles tous les trois ans suite à des blessures de hurling ! Si à l’avenir le nombre de dents et de nez pétés devrait donc baisser, resteront de toute façon les milliers d’épaules déboitées et les plus classiques blessures aux chevilles ou aux genoux.

Comme au hockey, la vedette est bien souvent le gardien. Le plus exposé aux tirs puissants, sans rien d’autre que son hurley (un peu plus large que celui des autres joueurs) pour les stopper, le poste de gardien de hurling est peut-être le plus dangereux du monde des sports collectifs. D’ailleurs l’un des dirigeants du sport déclarait il y a quelques années : «L’une des qualités essentielles du gardien de hurling, c’est la folie». Pourtant alors qu’ils voient arriver vers eux plusieurs dizaines de fois par match des projectiles potentiellement mortels, ce sont eux qui sont le plus réticents à accepter la nouvelle réglementation sur le port du casque. Gênés par les barres de protection, certains n’hésitent d’ailleurs pas à scier certaines d’entre elles pour avoir une meilleure vision du jeu.

Le championnat vedette est celui qui fait s’affronter les équipes des différents comtés du pays depuis 1891 (plus deux équipes anglaises) reparties en 4 divisions : Le All-Ireland Senior Hurling Championship dont la finale de première division a lieu tous les ans devant 82 000 personnes à Croke Park. Cette année le match entre Kilkenny et Tipperary du 7 septembre s’est terminé par un match nul et la finale sera donc rejouée le 27. CNN avait classé cette finale à la seconde place, derrière les JOs, de son top 10 des « dix événements sportifs à voir une fois dans sa vie ». Historiquement ce sont des comtés du Sud qui dominent la compétition : Cork, Tipperary, Kilkenny ou Clare (champion en titre). On joue au Hurling dans quelques autres pays du Monde, globalement là où il y a assez d’Irlandais ou de descendants d’Irlandais pour faire des équipes : Aux Etats Unis (y compris en universitaire), en Australie, en Nouvelle Zélande, en Angleterre et dans quelques pays européens. En France la Fédération Française de Sports Gaéliques, avant tout tournée vers le football gaélique, possède tout de même deux équipes de hurling : Les Paris Gaels et le Tolosa Despòrt Gaelic à Toulouse. Elles participent à différents tournois contre d’autres équipes d’Europe chaque printemps.

Le sport a sa variante féminine appelée Camogie.

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