Ce soir aura lieu la première demie finale du Top 14 2014 entre le RC Toulon et le Racing… à Lille. Lille ? Oui comme l’an passé avec Nantes, la LNR décide d’offrir aux Nordistes les deux demies-finales, le Castres-Montpellier de samedi se jouant lui aussi dans le nouveau stade de la Capitale du Nord. La ligue souhaite ainsi aider le développement du rugby dans des régions où il est peu présent. Enfin bon Lille n’est qu’à une heure de train de Paris et ses deux équipes de Top 14 et de son Stade de France où chaque année a lieu la finale de ce même Top 14 et la grande majorité des matchs à domicile de l’Equipe de France. Difficile donc d’être un Lillois amateur de rugby frustré de ne pas pouvoir voir du rugby de haut niveau. A la différence de, je ne sais pas, un Catalan, un Basque ou un Niçois, il n’a pas toute la France à traverser pour voir le meilleur du rugby français… Ce n’est pas, non plus, comme si Lille était chaque week-end un désert rugbystique, son club jouera dimanche sa demie finale aller de Fédérale 1 contre Montauban avec peut être au bout une montée en Pro D2. Comme quoi, peut-être, un jour une demie-finale de Top14 à Lille aura du sens mais cette saison ça ressemble surtout à du foutage de gueule.
La LNR fait donc ce choix de rendre son produit plus accessible là où elle a peu de clients plutôt que de soigner les plus fervents. Un peu comme si Louis Vuitton fermait sa boutique des Champs Elysées pour en ouvrir une à La Courneuve, vu que voyez -vous, la maison de luxe a peu de clients dans le 93 ou si les glaces Carte d’Or nous bombardait de pubs TV en février vu que c’est un peu la période de creux dans leurs ventes… Les dirigeants de la LNR n’ont, semble-t-il, pas suivi les mêmes cours de marketing que moi. En attendant au plus haut niveau du rugby français c’est depuis quelques saisons maintenant la fin d’une des plus belles traditions du rugby français : Le match de playoffs sur terrain neutre à mi-chemin des deux équipes.
Si, Dieu merci, cette magnifique tradition continue dans les séries amateurs (la FFR moins con que la LNR ? J’aurais jamais cru pouvoir être capable d’écrire ça un jour !), en Top 14 et ProD2 c’est en effet bien terminé. Et encore pour les amateurs c’est relatif: En fédérale 2 et 3 on a de plus en plus recours à des playoffs en match aller-retour tristounets, sans le frisson du match couperet. Pourtant que c’était beau ! On ne reverra donc pas de sitôt un Gerland coupé par le milieu, Jaune et Bleu d’un côté, Rouge et Bleu de l’autre, un après-midi de mai 1998 (FCG-ASM demie-finale) où deux peuples fraternisaient sous le soleil à la gloire du rugby. Oubliés ces Toulon-Montferrand à Grenoble (1/8 ou ¼ de finale fin des années 90) où trois tribus en même temps refaisaient le monde à la buvette tennis, finis ces voyages épiques en Languedoc (n’importe quelle équipe Aquitaine contre n’importe quelle équipe Rhône Alpine chaque année) où deux vagues colorées s’offraient des week ends Bus-Plage-Rugby-Bière-Chansons (avec en plus une féria au milieu si le calendrier était sympa!).
Certains dimanches de Mai si vous descendiez la Vallée du Rhône ou rouliez vers l’Espagne vous pouviez croiser ou doubler deux ou trois convois différents. Tiens les Perpignanais qui vont à Toulouse, oh les Berjalliens qui descendent à Béziers, et ça c’est pas les Toulonnais qui montent à Lyon ? Certaines aires d’autoroutes se transformaient alors en « tailgates » à la française avec « Kros » fraichement sorties des glacières et opérations « je t’échange mon Jambon de Bayonne contre mon Rosé de Provence ». Lors d’une des dernières éditions où j’ai pu assister à pareilles transhumances, j’ai un souvenir presque ému d’une troisième mi-temps Toulousaine où la place du Capitole rassemblait pour un soir tout ce que le Dauphiné et le Pays Basque compte de passionnés de rugby après une défaite Berjallienne contre le BO. Dans quelles autres circonstances peut- on en 5 minutes croiser un collègue de boulot et le maire de son ancien village à mi-chemin et à 400 kms de leurs ports d’attache respectifs ?
Nul doute qu’il y aura tout de même quelques jolies scènes dans les travées Lilloises ce soir et demain mais depuis Castres, Montpellier et Toulon la pilule est amère à avaler et vu comme les places sont bradées il semble clair que la majorité des supporters qui auraient pu se retrouver à Lyon (pour le Racing-Toulon) et à Montpellier ou Marseille (pour le Castres-Montpellier- le Stadium de Toulouse option « naturelle » est en travaux-) ne fera pas le long voyage vers la Flandre. Dommage. Pour ces derniers qui voudraient tout de même retrouver le doux parfum des phases finales à l’ancienne, il leur reste tout de même quelques possibilités : Amis Tarnais, rendez-vous à Cazères (31) pour un 1/8 ème de finale Belascain (jeunes +19 ans) entre votre équipe de Lavaur et les Basques de Mauléon. Chers Montpelliérains allez supporter vos moins de 17 ans en ½ finale Alamercery à Villefranche de Lauragais contre Agen et fiers Toulonnais vous n’aurez même pas à bouger de votre ville pour assister au 1/16ème de finale 3ème série entre Grimaud et Vitrolles !
Je pense qu'ici le problème se pose dans l'autre sens. C'est plus je pense le grand stade de Lille qui a déjà du mal à joindre les deux bouts qui est allé chercher la LNR. Les loges VIP ont fait le reste pour la décision.
RépondreSupprimerMais il est vrai que la France du rugby n'est pas avare en choix douteux ces derniers temps, tout comme le "fameux" stade 100% rugby de 70 000 places voulu par la fédération.
Après, même si la communauté d'agglo de Lille a une bonne équipe de rugby comme stipulé, c'est un peu l'arbre qui cache la forêt régionale. Déjà parce que beaucoup de moyens leurs sont donnés pour qu'à terme ils arrivent en Top 14 (pour faire aussi un peu plus tourner... le Grand Stade avec des affiches prestigieuses), mais aussi parce que dans cette région TOUT est football et un peu basket. Il n'y a qu'à voir les proportions que prennent la descente de VA cumulée à la remontée du Racing Club de Lens.
Dans l'arrondissement de Valenciennes, il n'y a déjà rien à part le foot et les 3 clubs de rugby de l'arrondissement (Valenciennes, Anzin, Saint-Amand) se bouffent dans des guéguerres sans fin...
Alors c'est sur que voir un Toulon - Racing à Lille c'est pas banal, mais tant qu'on voit un peu autre chose que toujours et encore du foot par ici, on peut difficilement s'en plaindre.