Regards croisés en Californie par Gabriel M. 2ème Partie

Après George Contreras, voici un autre parcours, un autre personnage, tout aussi atypique et attachant : Selim Baccouche… Beaucoup de choses ont été écrites et racontées sur ce jeune homme, parti aux Etats-Unis pour jouer au Football Américain. Beaucoup d’entre nous, il ne faut pas se le cacher, ont fait ce rêve un jour. Quoi de plus normal. Et il m’est bien difficile de penser que ce soit la jalousie, ce petit sentiment de la nature humaine, qui ait pu conduire certains à vouloir trahir une réalité qu’ils ignoraient. La meilleure chose à faire était sans doute de rencontrer directement Selim pour se faire un avis. Direction Los Angeles…

Qui est Selim Baccouche ? A peine arrivé à l’aéroport de Los Angeles, je filais vers Santa Monica College à quelques minutes de la plage. C’est là que Selim s’entraîne depuis deux ans. C’est là aussi que Steve Smith a fait équipe avec un certain Chad « Ochocinco » Johnson, quelques années avant lui. Rendez-vous compte ! Aujourd’hui, Selim s’est imposé comme titulaire dans la défense des Corsairs. Sans le savoir encore, il deviendra même champion de Californie avec son équipe, dans quelques mois… Et ce n’est pas rien pour un frenchie, quand on imagine tous les gamins de cet état qui jouent en High School, et qui reverraient d’occuper sa place.

Mais le jeune homme à la carrure imposante s’est lancé un défi. Il a fait de sa volonté de réussir aux Etats-Unis, une façon de vivre. Au final, je le rencontrerais à trois reprises au cours de mon voyage. Une seconde fois dans son appartement, en revenant d’un séjour à San Diego. Puis, en compagnie de George Contreras pour assister à l’un de ses matchs, en redescendant de San Francisco. A chacune de nos rencontres, Selim est égal à lui-même. Il m’accueille toujours avec un immense sourire. Franc, disponible, je suis marqué par son esprit très positif, pour lui, il n’existe que des solutions. Selim est heureux, tout simplement. Heureux d’avoir travaillé si dur pour gagner son pari. Sans le moindre esprit de revanche. Ce grand garçon de 22 ans est aujourd’hui, et avant tout un californien, d’origine franco-tunisienne. Et quel que soit l’issue de son voyage (parviendra-t-il à intégrer un programme universitaire de 1ère ou de 2ème division NCAA ?), il vit son rêve, conscient de profiter de chaque seconde. Mais ce grand compétiteur vous répondrait sans doute qu’il n’a encore rien accompli… avec un large sourire, bien sûr !

Selim dans son appartement avec le drapeau de la Californie en toile de fond.

- Selim, quelles sont les différences culturelles qui semblent te séduire aux Etats-Unis, au-delà du Football, et dont tu aimerais nous parler ?

- Ce qui me séduit aux USA, c’est que les personnes ne se prennent pas la tête, ils sont très ouverts d’esprit. Je pense qu’en France on a un esprit trop fermé sur certaines choses. Il y a aussi le fait que tout le monde est très sympa quand tu rentres dans une boutique, la personne va te demander comment s’est passée ta journée, comment tu vas ? En France je me rappelle que j’avais demandé à la caissière de mon supermarché comment s’était passée sa journée et comment elle allait… elle n’en revenait pas. Il y aussi le fait que les gens te parlent beaucoup plus, alors qu’en France, souvent, les personnes te répondent à peine. Si tu as fait quelque chose de bien, les gens ne sont pas forcément contents pour toi. C’est ça l’esprit fermé dont je parle. Donc je pense que les USA ont un esprit très ouvert et j’adore ça.

- Dis-moi, tu sembles habité par un esprit positif, quotidien, quels sont pour toi les valeurs et la mentalité qu'il faut avoir, si un jeune joueur voulait réussir aux Etats-Unis ?

- Si je pouvais donner un conseil pour réussir aux USA, ce serait d’avoir un très gros mental, surtout pour le football américain. Les coachs de SMC ne rigolent pas, à la moindre erreur tu es dehors, mais je n’ai jamais abandonné. Ils te pousseront à bout pour voir comment tu réagis, si tu vas craquer, ils regardent aussi comment tu réagis au niveau de tes blessures. Il faut vraiment avoir une mentalité de fer pour pouvoir réussir. Par exemple, en France, lorsque je faisais des bons jeux j’étais félicité par les coachs. Depuis deux ans que je suis à SMC, mon coach ne m’a félicité qu’une seule fois. J’ai appris que le reste du temps j’avais simplement fait mon job, ce qui m’était demandé. Rien de plus. Pourquoi je serais félicité pour un travail que je dois faire ? Il faut être très humble dans le football américain, pour ma part je me questionne tout le temps quand je fais un placage, je me dis : pourquoi je n’ai pas sacké le Quarterback ? Quand je sacke le Quarterback, je me dis : pourquoi je n’ai pas forcé un fumble ? Et quand je force un fumble, je me dis : Pourquoi je n’ai pas récupéré la balle et marqué un Touchdown ? Il faut aussi savoir avancer dans le jeu, en laissant tout derrière, les bons jeux et les mauvais. Le plus dur c’est de penser au jeu suivant.

- Enfin, penses-tu revenir en France, et si oui, penses-tu qu'il soit facile de transmettre son expérience (ou plutôt l'envie de partir) aux jeunes, comme aux plus anciens français ? L'expérience n'est-elle pas une lanterne qui n'éclaire que celui qui la porte ?

- Alors je ne peux pas rentrer en France cette année, triste nouvelle pour mes parents. Je pense qu’il est facile de transmettre son expérience mais, il y a toujours un mais, il faut que la personne prenne le temps d’être à l’écoute et que les joueurs ne soient pas en train de discuter ou autres. Ils doivent avoir envie d’apprendre. On apprend tous les jours. Je ne pense pas que l’expérience est une lanterne qui n’éclaire que celui qui la porte, beaucoup de personnes m’ont aidé avec leur expérience comme mes coachs, et les joueurs que j’ai pu rencontrer (des joueurs de D1 NCAA qui vont peut-être aller en NFL d’ici l’année prochaine) et ils m’ont donné toute leur expérience. Et c’est, en partie grâce à eux, que j’en suis arrivé là aujourd’hui. Je te remercie Gab !

NDLR : Selim devrait jouer à nouveau avec Santa Monica College dans le championnat de Californie des Junior colleges la saison prochaine. Il a déjà reçu des propositions de bourses pour intégrer la NCAA en 2015.

Photo (by Full Range): Selim avec le numero 99.

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