Regards croisés sur une victoire.


Les Warriors ont gagné dimanche le Casque d’argent sur le terrain du Flash B, une victoire acquise dans un match à suspens qui restera dans les mémoires des joueurs comme des supporters. Les Avignonais pour l’occasion nous offrent non pas un mais deux témoignages, celui d’un ancien Warrior qui a vécu ça depuis chez lui, et celui d’un joueur au cœur de l’action, pour des regards croisés sur un après- midi pas comme les autres pour le club du Vaucluse…

Vu d’Avignon par Izno :

Dimanche 10 juin, 13h55. Je m'installe sur mon canapé, le portable sur les genoux. La baie vitrée grande ouverte sur l'extérieur. De l'air! J'en manque déjà. Peut-être que pour les gars là-haut c'est pareil. Peut-être qu'il fait aussi lourd que chez nous à La Courneuve. Ca y est, la connexion est faite. L'image est super, y'a des commentaires (merci les Flashs), j’entends nos supporters. Mon fils de 8 ans s'installe tout contre moi. Il ne pouvait pas rater ça, lui qui me dit souvent: "Papa quand je serai grand je serai un Warrior".

Je découvre les équipes. Putain combien ils sont les Flashs?! Ils ont équipé toute la ville ou quoi? Ca va être usant, pourvu que les gars tiennent. Tu me diras jusqu'ici ils ont toujours pris le dessus physiquement en deuxième mi-temps...Je cherche des signes, des détails, comme si je pouvais lire dans les têtes. Les joueurs se mettent en place pour le kick-off. J'suis sur les nerfs. Rentrez bien dans le match les gars, d'entrée!!!

Le ballon s'élève, Théo le récupère, il remonte. 20 yards, 30, 40, 50...putain VA AU BOUT!!!!!!!! Merde il est plaqué sur les 12. On va vite voir ce qu'on vaut. 1ère course? Stoppée. 2è down? Peter arme son bras, Julien part en slant. "TD!!!! C'EST BON CA!!!" "Papa ils ont marqué? C'est qui qu'a marqué?"

Bon maintenant à la défense de montrer ce qu'elle vaut. Kick-off. 20, 30, 40, 50...ouh putain c'était limite. Sont bons eux aussi sur les spécial-teams. Fitzgerald? Pas mal ce gars...allez, sur nos 8. Faut tenir. 1er down. C'est bien les gars. 2è down. Et merde! Allez rate la transfo...Bon, 7-7. Restons calmes.

Allez un bon drive maintenant, posez le jeu. C'est dur, on rame un peu, mais on se bat. On avance. Les gars s'arrachent sur chaque porté pour grappiller des yards. C'est pas mal quand même, bien équilibré. En tout cas les gars si vous restez disciplinés comme ça, ça peut le faire. OUUUH! Le carreau!! Allez relève toi Julien, LEVE-TOI... Ouf c'est bon. Y'a des cogneurs côté Flash...Oui la passe, la FADE!!!! TD!!!! Allez encore Julien. La transfo? Nickel: 14-7. Continuez les gars c'est bien parti.

Le temps passe dans ce deuxième quart-temps. Le jeu s'équilibre. On tient en défense, même bien, mais on ne marque plus. Ca m'inquiète. Il faut prendre de l'avance, ne pas se mettre en danger parce que ça va être dur en deuxième mi-temps. Un TD c'est pas assez. C'est la mi-temps. J'le sens pas. Ils vont pas tenir les gars, le banc Flash est trop fourni. Je tourne en rond, j'essaie de me changer les idées pendant la mi-temps en regardant Nadal-Djokovic. J'm'en fous du tennis!

C'est la reprise. Là c'est clair. Si on gère comme en première mi-temps, tout est possible. "Papa ils vont gagner?" "Je sais pas fils, ce sont les Flashs qui reçoivent, on va vite le savoir".
Les Flashs commencent leur drive: Course au centre, puis une autre, une troisième, au moins 8 yards sur chaque porté. Merde on se fait enfoncer là. Ah les saligauds! Ils raccourcissent leurs huddles pour nous cramer. Accrochez-vous les gars! LACHEZ RIEN!!! Alleeeez TD Flashs...13-14. C'est c'que j'craignais. ooohhh la transformation ratée... toujours bon à prendre.

Le jeu reprend. Mon intuition me hante. C'est de plus en plus dur, on recule trop. Et merde on fait fumble...Le snap les gars… merde...dégouté...Par contre les fautes ça y va côté Flash. Je perds le fil du temps, les actions durent des heures, j'entends même plus mon fils qui me demande si c'est le 21, son joueur préféré (il porte son maillot), qui a catché la balle. Je sais ce qui va arriver, je sens monter la colère, la frustration, l'envie d'y être, l'envie de les pousser, de leur dire qu'on est là avec eux, qu'on pousse avec eux!!! Putain tenez bon les gars!!! Ca y est c'est mort. Ils vont marquer. Non il est plaqué avant. Ah! encore un flag contre eux. Allez reculez les Flashs. Bon sang, les gars n'en peuvent plus... C'est mort...allez first down pour les Flashs...C'est mort...Un autre flag!! C'est bon ça! Dernière tentative. On reprend la possesion: YES!!!!

Combien il reste??? Temps mort arbitre???!!! 2 minutes!!! Pas d'erreur les gars. Pas de perte de balle surtout. La balle à Sofiane. Protège ta balle! PROTEGE TA BALLE!!! C'est bon. Les FLASHS n'ont plus de temps mort. Combien il reste? Les gars s'alignent, Peter met le genou à terre. Combien il reste? Peter remet le genou à terre, les Flashs laissent faire. Combien il reste? Je regarde Clément qui se place en bout de ligne, j'entends un coup de sifflet. Il s'effondre, les autres lèvent les bras. C'est fini... C'est fini... C'est fini... Ils sont Champions. Ils sont Champions de France.

"Papa ils ont gagné?"
"Papa pourquoi tu pleures?"
....
"Papa pourquoi tu pleures?"

"...Je pleure fils...je pleure parce que je pense aux 19 années passées. Je pense à celui qui a créé le club. Je pense à ce premier entraînement en 93. Je pense à tous ceux qui ont porté le maillot, à tous ceux qui ont porté ce club jusqu'à maintenant. Je pense à toutes ces dérouillées qu'on s'est pris, sans honte, toujours la tête haute, parce qu'on savait qu'on travaillait pour l'avenir. Je pleure parce que je pense au nombre de fois où ce club aurait du mourir. Cela n'a jamais été. Parce que nous n'avons rien lâché. Jamais. C'est ça que les gars ont montré aujourd'hui. C'est ça être un Warrior. C'est ça le football américain. Une leçon de vie. L'affirmation que le travail, l'abnégation, le courage, la solidarité viennent à bout de toutes les difficultés et tous les obstacles. N'oublies jamais ça fils. Ils se sont battus comme des frères."

"On est Champions fils..."


Warriors Inside par Julien SENMARTIN WR#11

7H30 – je viens juste d’arriver à trouver une place pour garer ma voiture, oulah !!! Y’a du monde ce matin à la gare. Bon je récupère mon sac dans le coffre et vais directement dans le hall pour voir mes potes de l’équipe.
On se dit tous bonjour, mais pas de la même façon que d’habitude, du moins je le ressens comme ça, je sais pas j’ai l’impression que chaque personne qui me tape dans la main veut me faire comprendre qu’il est prêt à en découdre et surtout fier de le faire avec moi. Peut-être est-ce simplement mon sentiment, mais en tout cas je sens des gars qui ont envie de finir cette belle aventure.

8H14 – A le moment que je redoutais, l’arrivée du TGV avec 50 personnes à faire rentrer dans la même voiture en moins de 3 minutes avec seulement un billet collectif qui recensent toutes les places que l’on avait réservées. Finalement, on y arrive en même temps on avait pas trop le choix.
Quelques minutes plus tard on se retrouve une dizaine à la voiture bar pour prendre un café et ce qui aurait duré que quelques minutes durera tout le voyage bien aidé par une miss « BAR TGV » bien sympathique ^^.

11H – On arrive à la Gare de Lyon et on se met à la recherche de notre bus. On est 59 et y’a que 54 places. Bon ben ça sera RER pour moi, ma copine et mes parents ainsi que pour Maximus car on ne paye pas le train. Pas grave, le but étant d’être tous à l’heure pour notre grand match.

12H30 – J’arrive à Géo André, la pression monte car ça y’est on y est. Notre finale nationale, et en plus à la Courneuve. J’avale un sandwich en quatrième vitesse et part me changer. Tout le monde rentre dans son rituel, très important de le conserver pour chasser toute cette pression, éviter de se laisser manger par l’évènement. Perso, j’attaque le warm up de notre QB, quel joueur !!!!, le meilleur Quarter back avec lequel j’ai joué. Puis un super gars en plus. J’espère que l’on arrivera à se trouver comme toute cette saison, c’est aujourd’hui que notre amitié en dehors du terrain doit apporter le petit plus pour faire gagner notre équipe.

14H – Après l’hymne nationale, c’est dément. A ce moment-là, je suis rattrapé par l’enjeu et prend conscience que l’on joue une finale nationale pour un titre de champion de France. Je souffle un grand coup. Place au toss, je perds, pas grave on reçoit la balle, on va pouvoir de suite mordre dans ce match.
Et là, début de match énorme des 2 cotés, fallait pas arriver en retard … mais cela a le mérite de libérer tout le monde, le match est lancé.

Personnellement, très vite je comprends que je vais jouer contre les meilleurs DB de la saison. Et si j’avais un doute, le safety me l’a clairement fait comprendre en me faisant payer mon catch à l’intérieur. Pendant que j’essaye de reprendre mon souffle, j’entends malheureusement des chants dans les tribunes que j’espérais n’entendre que dans les tribunes de l’autre football. Dommage car l’ambiance sur le terrain est bonne.
Début du deuxième quart, et Peter me dit y’a Fade pour toi. Ok, comme d’habitude balle parfaite de Peter et juste à aller se mettre dans la bonne zone et c’est TD.

Ensuite, le match va être très fermé, on arrive à driver mais ils nous obligent très souvent à jouer une 3eme tentative et on est obligé d’aller chercher des jeux aléatoires comme la feinte de punt pour s’en sortir.
La mi-temps va être sifflée sur ce score de 14 à 7. On est en confiance car cette année on a toujours été long à se mettre en route et faisions toujours de très bonnes deuxième période. Mais jamais on avait rencontré une équipe avec autant de joueurs et surtout qui faisait tourner autant, allions nous tenir jusqu’au bout. Le discours des coaches et capitaines se focalise sur cet entame de troisième quart temps, il faut tenir ce retour de kick off et ce premier drive.

Malheureusement, les flashs reviennent eux aussi gonfler à bloc. Ils arrivent à marquer sur ce fameux premier drive. Et je commence à ressentir de l’appréhension, Sam contre la transfo, super !!!! On reste quand même devant.
Il faut arriver à scorer en attaque pour se mettre à l’abri car plus le match va avancer et plus cela sera dur pour nous physiquement.

Le match avance, on drive toujours mais trop de 3eme downs qui ne permettent pas d’aller dans la end zone. Qu’à cela ne tienne, on va s’en remettre à notre défense qui nous a porté à bout de bras pendant une bonne partie de la saison, il faudra aussi qu’elle le fasse en finale.
La quatrième quart est tendu, on court beaucoup pour faire passer le temps. Le flash le sait, ils sont 8 dans la boite et nous obligent à jeter la balle en 3eme down. Première fois réussi, alors que mon corner était en press depuis mon deuxième TD, là il me laisse un petit coussin sur ce jeu et me permet de jouer mon curl et de gagner le first down.

Sofiane continue son travail de l’ombre, quel guerrier celui-là, et il est juste junior. On va s’en remettre à lui pour faire tourner l’horloge. Pas de nouveau first down, tant pis on a du gagner bien 3 minutes, à la def de tenir.
Ce drive est la dernière chance du flash de gagner ce match et nous de le perdre. Du bord du terrain, je sens que les deux équipes jettent leurs dernières forces sur le terrain. Le flash nous transperce 2 ou 3 fois pour se retrouver sur nos 30 environ.
On croise tous les doigts, on a confiance à nos « frères », on sait qu’ils vont faire tout ce qu’ils peuvent, mais est-ce que cela sera assez ?
Un catch énorme de leur numéro 13 sur nos 10 est annulé par une faute, OUF !!!. Leur playmaker, le 38, arrive à prendre le coin de ligne pour marquer sur 30 yards, NON !!!!!! …… attends y’a un flag, Clément est à terre. Le receveur lui a fait un cut en venant de l’extérieur, TD ANNULE !!!! Allez les boys ça peut plus nous échapper.

Reste un dernier jeu, une quatrième et 15 yards à faire. Il faut tenir ça les gars….. INTERCEPTION !!!!!!
Il reste combien de temps ??? 2minutes et quelques secondes. C’est la folie dans le huddle, Mika se charge de faire revenir tout le monde sur terre : il nous faut un first down et c’est fait nous dit-il.
Je vois tous les hommes de ligne prendre conscience que maintenant c’est à eux d’aller chercher ce titre et d’amener notre petit Sofiane au-delà de ces 10 yards .
Première course : 5/6 yards c’est bien les gars encore une, deuxième : La même. C’EST FAIT !!!!!

Après quelques genoux au sol l’arbitre nous délivre et là c’est la consécration. Cela fait 5 ans que l’on pense à ce titre, à cette montée. ON y est arrivé, on l’a fait….
Après le discours du coach et les remerciements de notre QB, on se dirige pour la remise des trophées.
Sofiane est élu MVP, mérité sur sa saison, son évolution. On était plusieurs à le mériter mais qui de mieux que le travailleur de l’ombre pour représenter ce collectif qui a œuvré ensemble toute cette saison. Cela récompense le travail de notre O-line et notre def pour le travail effectué.

ENSEMBLE, ENSEMBLE le leitmotiv de notre saison, le cri après chaque entrainement. Le symbole de notre saison pour moi.

18h- Départ de stade, avec un petit regret, pas de réception avec les 2 équipes après le match alors que cela est prévu au cahier des charges. Même les bières à la buvette, on nous les a fait payer. Dommage, c’est pas très important mais de la part du premier club de France, c’est regrettable.

20h37 – Départ du TGV, et je ne peux pas vous faire part de notre voyage retour car on aurait des problèmes avec la SNCF. Donc je laisse court à votre imagination…

Photo: Warriors

1 commentaire:

  1. Excellent article! on se croirait dans intérieur sport, c'est un réel plaisir que de découvrir différent point de vue sur cette finale au combien haletante!
    Encore bravo aux warriors!

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