C’est souvent loin de chez soi que l’on comprend mieux son identité, ses racines. Avant de s’«exiler » loin de chez soi on imagine souvent à tort que tout le monde, en tout cas en France , a des habitudes comparables. C’est particulièrement vrai du côté des habitudes culinaires. J’ai ainsi appris sur le tard que la plupart des français ne consomment pas ou très rarement de saucisson chaud, de pâté en croûte, de fromage blanc, de papillotes, de cardons ou de bugnes (les pauvres !).
On connait tous les « spécialités » de sa région connues partout mais en fait ce ne sont en général que la partie immergée d’un bien plus vaste iceberg de traditions et coutumes locales. Je devais bien avoir 15 ans quand j’ai compris qu’à 150 kms de chez moi personne n’avait idée de ce qu’est une vogue (une fête de village) ou un St Genix (une brioche aux pralines).
Dans le sport c’est un peu pareil. J’ai ainsi dans mon bureau à 800 kms de « chez moi », deux objets qui excitent la curiosité de quasi toutes les personnes qui passent, deux objets qui étaient pourtant parfaitement anodins quand ils étaient encore posés sur une étagère du garage de mon père . « Qu’est-ce que c’est que ces grosses boules métalliques ? ». Comme elles sont posées à côté de ma batte de baseball fétiche, certains pensent même que ce sont des balles de baseball ! Ce sont devenus un peu mes fétiches, mes « doudous » qui me rappellent d’où je viens : Les Boules de longue de mon Grand Père.
La longue, plus connue sous son nom officiel de « Boule Lyonnaise », voir sous son nom « marketing » de « sport-boules » reste donc inconnue de l’immense majorité des gens, surtout si l’on sort de son bassin naturel, le Centre Est de la France. J’ai pourtant grandi autour de ce sport, grande tradition de ma famille maternelle, qui continue à passionner des milliers de pratiquants. Même si on est loin de son âge d’or des années 60-70 (où la fédération comptait plus de 165 000 membres), il y a encore près de 65 000 licenciés (Pas grand-chose quoi, 3 fois ce que l’on a dans le foot US finalement !!). Vieux de plus d’un siècle et demi , ce jeu exigeant perd doucement du terrain face à la marseillaise pétanque. A l’image de sa ville d’origine, Lyon, la longue n’est pas facile d’accès mais a pourtant une profondeur, une classe, une technicité que d’autres (villes et sports) n’auront jamais. Mais que voulez-vous, l’époque est au « facile » et au bling-bling…
La Résistance (autre spécialité locale) s’organise tout de même. Certains cafés continuent jalousement de garder leur jeu dans l’arrière-cour, à l’image des trinquets du Pays Basque ou des jeux de quille du Béarn. Les vogues ont encore leur concours annuel dans de nombreux villages du Beaujolais, du Dauphiné ou de la Bresse. Et la « Messe » de la Pentecôte tient le choc. Plus que centenaire le concours de la Place Bellecour à Lyon réunit plus de 8 000 joueurs pendant trois jours chaque année. Le sport s’est aussi structuré avec championnat des clubs, championnats individuels de tir, championnats du Monde (les Italiens et les Croates se débrouillent bien, les Chinois, oui oui, montent en puissance) et arrive encore à faire parler de lui jusqu’en « une » du « Progrès » de Lyon régulièrement (c’était encore le cas la semaine dernière !).
A un contre un, deux contre deux, trois contre trois ou (catégorie reine) quatre contre quatre, le plaisir reste entier. Pointer est une technique délicate, tirer un art. Le jeu est profond, les boules lourdes. Pour tirer il faut désigner la boule que l’on veut toucher, s’élancer, courir, lancer. Les meilleurs font mouche pratiquement à tous les coups. Un vrai spectacle. Mais loin des grands championnats, l’âme de ce sport reste encore lié à toutes ses quadrettes qui vont de concours en concours chaque été. Des équipes souvent familiales voir multi générationnelles (j’ai eu la chance de pointer pour mon Grand Père et mon oncle il y a fort longtemps…) pour qui l’important n’est pas forcément dans le score final. Des traditions, du plaisir, des repas ravioles. Tout un « pays » dans 1 kilo de métal doré.
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