Du troisième "sport" universitaire.


Aux Etats Unis dans le monde du sport ces dernières décennies ont été marquées par la place toujours plus grande du football américain dans le paysage. On a tendance à l'oublier mais il y a un demi siècle le football était encore loin de dominer le paysage sportif. Le déclin relatif du baseball, ceux plus marqués de la boxe et des courses de chevaux, ont donné de l'espace au football qu'il soit pro ou universitaire. Pour arriver à un niveau qui aurait été inimaginable il y a encore 15 ou 20 ans. Aujourd'hui un match de présaison NFL, qui sportivement il faut bien l'avouer à un intérêt proche du néant après le premier quart temps, obtient des scores d'audience très largement supérieur à n'importe quel match de saison régulière de baseball. Dans le même registre un "sport" sans classement, ni trophée, en fait de simples entraînements est devenu de fait le troisième sport universitaire du pays: "Spring Football".

La boutade du directeur de l'information de Texas U, Jones Ramsey, en 1971 faisait sourire: "Il n'y a que deux sports au Texas: Le football et spring football". Mais elle relève aujourd'hui pratiquement de la prophétie. En effet ces 15 jours d'entraînements au sein des équipes NCAA sont devenus un véritable phénomène. L'an passé près de 1.5 millions d'américains ont assisté à des "matchs" du spring football. Des matchs qui ne sont en fait que des scrimmages entre joueurs d'une même équipe! 91 312 personnes ont vu celui d'Alabama, 77 936 celui de Nebraska. En faisant payer 10 dollars l'entrée de leur match (le "Red White Game") les Cornhuskers ont ainsi fait rentrer plus d'argent dans les caisses que l'équipe de baseball de l'université en apporte en deux saisons!

Un engouement qui est d'autant plus remarquable que l'intérêt sportif du "spring football" est de plus en plus relatif. En effet dans les années 70 et 80 cette période d'entraînement (qui existe depuis 1889, une invention de Harvard) était un moment clé de la saison. Des coachs comme Bear Bryant à Alabama ou Osborne à Nebraska transformaient cette période en véritable camp commando où le but était comme le disait lui même Bryant :" Que si un joueur abandonne autant que cela soit au printemps". Vingt jours intensifs, à pleine vitesse se terminant par un match où de nombreuses places de starter étaient en jeu. Mais cela a commencé à changer en 1997 quand la NCAA a réalisé une étude prouvant que "spring football" était le "sport" universitaire le plus dangereux avec des risques de blessures dépassant même la saison régulière de football! Ainsi en 98 la NCAA a réduit "spring football" à 15 entraînements à répartir sur 34 jours, sans contact lors de deux premiers jours, sans plaquage les 8 premiers entraînements et avec seulement 3 scrimmages autorisés. Depuis ces restrictions "spring football" est devenu une phase de la saison beaucoup plus tactique où les staffs travaillent playbooks et répétitions. Les traditionnels matchs de fin de camp y ont perdu en intensité et les leaders y sont souvent préservés.

Reste que comme souvent en football universitaire l'attrait des rencontres même entre joueurs d'une même équipe dépasse souvent le cadre sportif. Ambiances hors du commun, traditions et l'occasion de faire des ces rencontres des fêtes de campus à la période du fameux "Spring Break" ont transformé ces matchs en événements à ne pas manquer de l'année universitaire. Le foot NCAA reste le seul sport au monde où l'on peut réunir 91 000 personnes pour un entraînement...

2 commentaires:

  1. Moi aussi j'essaye de trouver une explication au succès du foot NFL (même NCAA) qui écrase tout.

    En fait, je pense que c'est un phénomène sociologique qui doit être du besoin des gens de se trouver un lien. Les rapports entre les gens sont perpétuellement du domaine de la concurrence (qui écrase qui pour gagner une place ?) et surtout déshumanisants (trop de virtuel : mobile et web). Du coups les gens cherchent du lien dans un stade ou derrière un écran. Rares moment où toutes les classes sociales se trouvent ensembles (avec l'église) pour revendiquer leurs couleurs.

    Au fond l'individualisme à l'américaine a du plomb dans l'aile. Le danger (cela ne devrait arriver vite) c'est le hooliganisme qui en est le corollaire.

    Voilà, j'ai fait mon BHL... :-))))

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  2. Les américains sont au contraire, très "collectivistes", car ils ont besoin de se rassembler autour d'un esprit, d'une croyance commune.
    Et puis, le foot us, on peut difficilement faire mieux comme sport : rapide, spectaculaire, physique, des règles étudiés et qui n'ont pas peur de changer (contrairement au soccer...). Logique, non?

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