De la folie ordinaire d'un samedi NCAA

Ah quelle est loin l’époque où l’on attendait le lundi midi et l’achat de l’Herald Tribune au kiosque pour découvrir le détail des résultats de la journée NCAA… Depuis Dieu, dans son infinie bonté, a donné à tous les fans de foot universitaire internet et le streaming et nos samedis d’automne ne sont plus les mêmes. De 18H00 jusqu’au bout de la nuit pour les plus courageux les matchs s’enchaînent dans une avalanche d’images. Regardez par exemple mon samedi dernier…


18H00, après hésitations je décide de commencer ma journée NCAA par Norman, OK où West Virginia se déplace chez les Sooners. Les deux équipes sont classées au Top 25 et invaincues et comme en plus j’aime beaucoup les Mountaineers je me lance. Comme souvent en Big 12 le match est un feu d’artifice offensif. Les locaux arrivent malgré tout à freiner les ardeurs de WVa en provoquant des turnovers au bon moment et s’envolent rapidement au score comme je le craignais. La mi-temps arrive avec une avance de 24-7 pour Oklahoma. J’ai (à tort) perdu confiance dans mes favoris et profite de la pause pour chercher un match un peu plus disputé. Je louperai ainsi le furieux retour des Mountaineers (qui reviendront à 27-24 avant de s’incliner 44-24) mais c’est la loi du zapping du samedi, quoi qu’il arrive on est jamais sûr qu’il ne se passe pas quelque chose de plus extraordinaire ailleurs…

Gavé de touchés faciles j’ai envie de voir un peu de défense et la Big 10 est souvent un bon remède pour ça. Je donne un coup d’œil au score d’Anthony Mahoungou avec Purdue contre MSU et à ce moment du match rien ne permet d’imaginer que les Boilermakers pourront remonter. Anthony n’a pas fait de réception. Finalement je choisi de basculer avant 20H00 du côté de Madison, Wisconsin où les Badgers semblent en danger menés par Iowa 10-3. Je voulais de la défense me voilà servi, je ne verrai qu’un petit field goal durant l’heure qui suit. Les Hawkeyes tiennent bons dans un stade toujours aussi bouillant. On pense qu’ils vont finalement céder en milieu de dernier quart mais les Badgers perdent la balle sur la goal line d’Iowa. Dernier effort, Wisconsin remonte sur les 16 d’Iowa. Il leur faut le TD menés qu’ils sont de 4 points. 4ème down. Passe ratée. Victoire surprise d’Iowa 10-6. Premiers vrais frissons de la journée. Je n’aurais jamais pensé que ce serait la défense des Hawkeyes qui me les donnerait!

C’est l’heure du rush. Les matchs de la première vague se terminent. Vite regarder les matchs non terminés et trouver un match à suspens. Juste le temps de voir que Purdue a fait un retour magnifique pour finalement échouer, de voir que West Virginia a fait une bien meilleure deuxième mi-temps et me voilà à Raleigh pour la fin de NC State-Louisville. Les Cardinals ont une fiche de 1-3 mais vu leur calendrier n’ont pas à rougir. Chez le Wolfpack, invaincu jusque- là, ils sont venus faire un coup. Il pleut à torrent comme partout dans le Sud aujourd’hui. Le match est presque aussi défensif que celui de Madison. Les « 3 and out » se multiplient dans cette fin de match et par conséquent les « commercial breaks ». Je vois plus de pubs pour North Carolina State (dans l’ACC peut être plus qu’ailleurs en NCAA on aime promouvoir le fait que l’excellence académique n’est pas au second plan) que de football. Louisville plie mais ne cède pas. Nouveau finish à suspens et nouvelle victoire des visiteurs 20-13 cette fois ci.

Il est 21h30. Pas la moindre minute de pause. Le match du jour commence un peu plus à l’Ouest. Athens, Georgia. Un 4ème match, une 4ème conférence. Nous voici dans l’enfer (humide aujourd’hui) du football SEC. Ils sont 91 000 trempés comme des soupes à être venus supporter les Bulldogs. Le match commence fort. Physique, rapide, défensif quasi brutal comme souvent dans les chocs de la conférence du Vieux Sud. 3 partout. Mais le suspens ne durera pourtant pas très longtemps. La défense de Georgia encaisse un premier touché sur un très gros drive puis la Tide marque à nouveau sur un très joli punt bloqué. Un troisième TD sur une belle passe nous amène à la mi-temps au score de 24-3. Aucun doute, Bama domine complètement son adversaire du jour et relance sa saison. Il est temps d’aller vibrer ailleurs. Comme quelques heures plus tôt la mi-temps permet de faire un tour des scores et aucune hésitation pour la suite, le numéro un est en danger ! Direction Bloomington Indiana !

Indiana mène en effet 10-6 à la pause contre Ohio State. 4-0 pour la première fois depuis plusieurs décennies les Hoosiers ont presque rempli leur stade qui sonne la plupart du temps bien creux. Heureusement pour Ohio State Ezekiel Elliott est en feu. En deux énormes runs il permet aux Buckeyes de reprendre le lead mais Indiana s’accroche répond coup sur coup. IU reste à un touché, mené seulement 27-20. C’est seulement sur un troisième et encore plus énorme run (celui-ci de 75 yards) de Elliott que l’on a l’impression qu’ils craquent pour de bon. 34-20 en début de 4ème quart. Indiana semble coulé. Je fais alors ma seconde erreur de la soirée après mon décrochage anticipé de WVa-OU. Pensant l’affaire entendue je quitte Bloomington à la recherche d’une fin de match plus haletante… Je loupe ainsi le run de Diamont pour 79 yards et la fin de match à suspens avec un dernier push d’Indiana qui échouera au final sur la ligne des 6 yards d’Ohio state. Mais peu importe, en 1 quarter et demi j’ai vu 5 TDs et plus de bon football à Bloomington qu’il y en avait eu ces dix dernières saisons !

Commencé à 22 heures, le match de Oklahoma State contre Kansas State vient alors seulement de reprendre. Les Cowboys sont menés 28-20. Ce match entre équipes invaincues monte en intensité, les locaux essayant de remonter un large déficit (28-13). Dans une ambiance de feu, dans le son assourdissant des « cowbells » et des battoirs que les plus acharnés des fans de OSU frappent sur les murs des tribunes, les Wildcats s’accrochent mais subissent. Deux touchés plus tard alors que la fin du match approche, les voilà menés 33-28. Ils semblent devoir s’incliner face à leurs hôtes mais coach Snyder rebooste ses troupes et ils se lancent dans un énorme drive de 94 yards qui se termine dans la end zone des Cowboys. 33-34 . Trois minutes à jouer. Il est alors presque 1H30 du matin et j’approche de ma 7ème heure de football mais je suis debout devant mon écran. J’ai toujours apprécié KSU, une équipe régulièrement sous- estimée que Snyder fait jouer chaque année au-dessus de son niveau théorique. Les fans de « Pokes » poussent comme jamais. OSU profite d’une erreur sur le kick off qui sort du terrain, part de ses 35 yards, réussit une 4ème et 8 cruciale et finit par taper à 32 secondes de la fin un field goal de 37 yards me brisant le cœur au passage mais clôturant de manière spectaculaire ma soirée streaming. Je regarde les scores des matchs de la 3ème vague qui viennent de débuter. Florida mène déjà de trois TDs sur Ole Miss. Je vais me coucher avec quelques regrets. Il faut bien dormir quelquefois…

Vivement samedi prochain !