Après avoir mené les juniors des Blue Stars au titre national, c’est vers un tout autre univers que se dirige Philippe Gardent. Préparateur physique depuis sa retraite sportive, il vient en effet d’être embauché par l’AS Montferrand pour faire partie du staff « Jaunard » cet été et cet automne. Une pige liée à l’absence de certains membres de l'encadrement Montferrandais pour cause de Coupe du Monde de rugby. Philippe a bien voulu nous en dire plus sur son arrivée dans le prestigieux club de Top 14 :
- Comment l’ASM est venu te recruter à Marseille ?
- En fait je suis en contact avec eux depuis très longtemps, on avait déjà discuté ensemble il y a 6 ans de cela. Je suis très heureux que cela se concrétise maintenant. C’est une « pige » sympa et je vais y aller sans objectif personnel particulier mais on ne sait jamais, arrivera ce qu’il arrivera. Je ferai de mon mieux et ce sera quoi qu’il arrive une expérience très intéressante. Je m’occupe depuis plusieurs saisons de la préparation physique personnelle de joueurs de haut niveau mais je ne savais pas si je finirai par arriver à avoir ce genre de propositions d’un grand club. Cela valide mon travail et ma compétence dans ce métier.
- Ce sera ton retour dans le rugby après un expérience compliquée au Stade Phocéen… (NDLR : Préparateur physique de l’ambitieuse équipe Marseillaise qui visait la pro D2, Philippe avait connu la liquidation financière du club)
- Oui, même si ce fut compliqué, je garde un bon souvenir de cette période. Nous avions fait du bon travail. Il y a aujourd’hui une bonne dizaine de nos joueurs de l’époque en Pro D2 et 3 en Top 14. J’avais pu travailler avec un staff de grande qualité avec notamment l’entraineur actuel des Crusaders de Canterbury ou le manager de l’USAP.
- Est-ce que l’image du football américain évolue dans le monde du rugby ?
- On entend encore parfois les vieux clichés mais ce n’est pas la majorité des cas loin de là. Les clubs et les staffs sont très intéressés par les organisations en NFL et en NCAA. Beaucoup d’entraineurs, de clubs vont désormais voir aux Etats Unis ce qu’il se fait. Ils connaissent mieux le foot US qu'autrefois et se rendent compte par exemple de ce qu’a été mon parcours. Ca me donne un capital sympathie, un respect et une légitimité auprès des staffs et des joueurs du rugby pro. Il y a une certaine curiosité vis-à-vis de notre sport, notamment quand il est joué à haut niveau. Les barrières tombent. Pour ce qui est du football américain en France et en Europe, ils savent bien que c’est encore une pratique amateur. Aujourd’hui les grands championnats européens comme la GFL sont arrivés à la situation du rugby il a une vingtaine d’année à la limite entre amateurisme et professionnalisme.
- Ton ami et ex-Centaure comme toi Thibault Giroud (NDLR : passé également aux Barcelona Dragons de la NFL Europe) a été longtemps préparateur physique à Biarritz, est ce que tu vas lui demander des conseils pour adapter ton travail au monde du rugby pro ?
- Avec Thibault on se parle beaucoup, on a encore discuté hier soir. C’est lui qui m’avait fait venir aux Celtics Crusaders (NDLR : Ligue pro de XIII au Pays de Galles où Thibaut était préparateur physique et Philippe joueur). Il n’est pas vraiment mon mentor mais on est un peu comme deux coachs qui discutent de leurs équipes. On a le même système mais avec chacun notre patte. On s’apporte mutuellement en discutant de points de détails plus que de grands principes sur lesquels nous sommes de toute façon d’accord.
- Cette saison tu as été pour la première fois Head coach d’une équipe avec les juniors des Blue Stars. Ton avenir tu le vois plutôt dans le coaching ou la préparation physique ?
- Je ne suis pas vraiment « dans une case ». J’ai été partie prenante dans beaucoup de sports déjà, le ski, le bobsleigh, le 15, le 13, le foot US. J’ai une culture multi-sport, internationale, j’aime m’adapter à de nouveaux challenges dans des domaines où je me sens compétent. Cette saison était une première pour moi en tant que HC mais à Toulon j’étais déjà plus ou moins co-head coach et dans notre Academy nous accompagnons des coachs depuis plusieurs années. J’aime manager l’humain, des équipes, donc je ne me ferme aucune porte. Tout dépendra des opportunités. Si je peux percer comme préparateur physique dans le Top 14 je ne vais pas dire non mais si j’ai des propositions pour coacher une grosse équipe de foot US à plein temps, de manière professionnelle, j’étais bénévole aux Blue Stars cette année, je les regarderai bien sûr !
- As-tu regardé les matchs de tes minots au Championnat d’Europe de ce week end ? Déçu par le résultat de l’Equipe de France junior ?
- Oui on avait cinq Blue Stars dans l’équipe et si on m’avait demandé mon avis on aurait pu en avoir plus, je pense qu’on avait 9 joueurs à Marseille cette année qui auraient pu amener quelque chose à cette équipe de France. Je n’ai pas tout regardé mais j’ai vu les deux premières mi-temps des matchs de l’Equipe de France. Forcément je suis déçu en tant que supporter de l’équipe de France. Après il est toujours facile de critiquer quand on est à l’extérieur d’une équipe. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans l’équipe donc il est difficile de faire des conclusions là-dessus. Je note tout de même que j’ai vu des choses en championnat que je n’ai pas vu ce week end, que j’ai vu aussi des choses dans les matchs du tournoi qualificatif de Pessac que je n’ai pas vu ce week end.
- L’Allemagne et l’Autriche semblent bien au-dessus…
- C’est dans l’exécution et la technique qu’ils ont une grande avance. Leur joueurs comprennent ce qu’ils font, ils ont les bonnes attitudes, les bons réflexes. Ces pays ont misé sur la formation des jeunes et ça se sent. Ils ont des sections équipées en moins de 12 ans quand nous, par exemple cette année aux Blue Stars on commence des saisons junior avec 0 joueur ayant l’expérience du jeu à 11 ! Nous avons d’excellentes individualités mais en quelques jours ils ne peuvent pas apprendre toute une batterie de techniques, tout un système. On sent que chez les Allemands et les Autrichiens le travail est fait en amont, dans les clubs. De ce que j’ai vu ces dernières années, on a des jeunes qui veulent apprendre, des joueurs intelligents qui posent des questions, veulent progresser mais est ce qu’ils ont toujours dans leurs clubs en face d’eux des coachs qui ont les réponses ?
- On a appris hier que c’est un autre de tes amis, Cedric Cotar, qui va prendre les rênes aux Blue Stars…
- Oui j’en suis très heureux . C’est une excellente nouvelle pour le foot US et les Blue Stars. Je n’ai jamais perdu le contact avec Cedric et je l’ai invité pour la finale contre les Molosses. Il a parlé aux joueurs avant le match, il a vu notre staff, le Président. Il a vu les 2 500 personnes dans le stade. Je pense que ça a fini de le convaincre de revenir dans le foot US français. Il va faire du très bon travail j’en suis sûr.
Photo : Diane Perichaud
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