Interview de deux des Français du Vert et Or pour 4th and Goal

Sherbrooke, l’université québécoise à l’accent français !

Le Québec devient une terre promise pour les joueurs de foot US français. Avec six tricolores dans ses effectifs (Jordan Dablé, Antoine Reniez, Adib Ziri, Maxime Durand-Gasselin, Vincent Delage et Dorian Marius), le Vert&Or de Sherbrooke a constitué une armada de talents venus de l’Hexagone. Dorian Marius et Vincent Delage, deux anciens « Kangs », nous expliquent leur choix et reviennent sur leurs objectifs à courts et moyens termes.

(interview réalisée en avril dernier pour 4th and Goal)

- Qu’est-ce qui vous a poussé à tenter l’aventure au Canada ?

- Dorian Marius : Le Canada, et plus particulièrement le Québec, nous offre les mêmes frais de scolarité que les Québécois donc cela a joué grandement pour mon départ du point de vue de mes études universitaires. Pour le football, le niveau est plus élevé qu’en France, même si le football joué outre-Atlantique n’est pas le même. Quelques joueurs arrivent à se faire repêcher par des équipes de la CFL à la fin de leurs années universitaires sur la totalité du pays ; ce qui montre que le niveau est élevé. Tout cela m’a aidé à faire mon choix en faveur du football québécois.

- Vincent Delage : Cela faisait un moment que j’envisageais de partir à l’étranger, que ce soit pour la continuité de mes études ou pour le football. J’avais envie d’obtenir un diplôme universitaire reconnu internationalement en plus de celui que je vais obtenir en France, mais aussi d’évoluer dans un niveau footballistique supérieur à ce que j’avais connu. Il y avait aussi le fait que je souhaitais vivre une expérience nouvelle, sortir de ma routine de vie. Le Canada, et plus particulièrement le Québec, m’a paru être le meilleur choix car il correspondait à toutes mes attentes.

- Pourquoi Sherbrooke ?

- D.M. : Je connaissais Paul Braisaz grâce à l’équipe de France sénior. J’ai pu parler avec lui de mon projet et j’ai sollicité son aide pour faire passer ma vidéo aux coachs et ainsi que mes envies de vouloir venir y étudier. Ils ont été intéressés et m’ont aidé dans toute la paperasse pour pouvoir poser un pied sur le sol canadien en tant qu’étudiant étranger.

- V.D. : Je suis le football universitaire canadien et surtout la RSEQ depuis longtemps, et Sherbrooke est un des programmes montants de la ligue, avec de grandes aspirations académiques et sportives, ce qui correspondait totalement à ce que je recherchais. J’ai été grandement conforté dans mon choix d’intégrer l’Université grâce aux avis de Dorian qui y est déjà depuis l’année dernière, et l’idée de retrouver un ami et teammate m’a fortement encouragé.

- Quelles ambitions avez-vous du point de vue football pour la prochaine saison ?

- D.M. : Pour la prochaine saison, il faut que je reste en santé car l’année dernière, j’ai loupé 4 matchs sur les 8 au total pour cause de blessures.

- V.D. : Mes attentes sont simples pour la saison qui arrive : être un meilleur joueur de football et être habillé pour les matchs. Je m’entraîne dur pour y arriver et je compte bien prouver ma valeur aux entraineurs. Je suis passé sur le deuxième groupe assez vite et je suis capable de jouer à plusieurs positions sur la ligne offensive ce qui est un avantage pour moi.

- Théoriquement vous devriez être au Vert et Or combien de saisons ?

- D.M. : Il me reste 3 ans d’éligibilité sur mes 4 de départ. J’ai encore du chemin à parcourir avec l’équipe de Football du Vert et Or.

- V.D. : Il me reste 3 ans d’éligibilité, si le règlement CIS ne change pas encore une fois d’ici là.

- Qu’étudiez-vous à Sherbrooke ?

- D.M. : J’étudie dans le milieu de l’enseignement pour devenir professeur au préscolaire et au primaire.

- V.D. : Je rentre dans un Baccalauréat (équivalent d’une Licence française) en Administration des Affaires, ce qui, couplé à ma future Licence en France (Langues Etrangères Appliquées Marketing) me donnera un profil professionnel intéressant pour m’ « exporter » à l’international.

- Qu’est-ce qui vous a le plus surpris ici côté football ?

- D.M. : La première fois que je me suis placé sur le terrain, j’ai tout de suite vu que le terrain était plus grand qu’au football américain et j’ai eu un peu de mal au départ, mais on s’y habitue rapidement. Après, au sein de la ville, le football est reconnu et encouragé. C’est vraiment amusant de voir beaucoup de supporters aux matchs.

- V.D. : Les différences entre le football canadien et américain : seulement trois tentatives pour obtenir un First Down et la verge qui sépare les deux lignes. Mais surtout ce qui m’a le plus surpris, c’est la différence au niveau de la technique à la position de Lineman offensif. Énormément de choses sont différentes de ce que j’avais appris, et j’ai du réapprendre depuis le début.

- Et hors football ?

- D.M. : La population québécoise est ouverte. Je ne suis pas le seul à l’avoir remarqué et je pense qu’il faut venir au Québec pour comprendre. Après, il y a aussi la vie universitaire qui m’a surpris. Tout le monde est fier d’appartenir à une université et ça se voit jusque sur leurs vêtements.

- V.D. : Je dirais l’attitude des gens, les québécois sont très accessibles, très amicaux. Il y aussi le regard des gens vis à vis de l’université et du Vert&Or ; tout le monde ressent une grande fierté d’appartenir à cette université, et le support que tout le monde apporte au Vert&Or est incroyable, on est vraiment choyé ici.

- Pourrez-vous participer à la Coupe du Monde ?

- D.M. : Je reviens en juin en France pour passer du temps avec ma famille puis je suis sensé repartir mi-juillet. Donc si je me fais appeler pour l’équipe de France, je serai présent.

- V.D. : Je ne sais pas encore si je pourrai y prendre part si j’étais appelé par le staff EDF car je me suis inscrit à la session d’été de ma faculté.(NDLR: Il est à Canton pour la Coupe du Monde)

- Vous continuez à suivre les Kangs ?

- D.M. : Toujours ! Je suis leur chemin en D2 à distance. Je parle souvent avec mes anciens coéquipiers qui sont de très bons amis encore et ils m’expliquent comment se déroule la saison.

- V.D. : Bien sûr ! Je suis chaque semaine les résultats des championnats de France en général. J’encourage mes anciens coéquipiers avant chaque match. Je reste en contact avec mes anciens entraineurs pour prendre des nouvelles de l’équipe. Les Kangs reste ma première équipe et je compte bien apporter un retour au club le jour où je rentrerai en France.

- Est-ce que votre regard sur le foot français a changé depuis que vous êtes au Canada ?

- D.M. : Même après avoir touché au niveau canadien, mon regard est inchangé face au football français. Comparé aux championnats Nord-Américains, nous savons tous que le championnat français est inférieur.

- V.D. : Je ne pense pas, mais avec la comparaison d’un championnat universitaire canadien, je vois maintenant que le football français a besoin de changement si il veut se développer.

- Des nouvelles des autres français du Vert et Or ?

- D.M. : Présentement, nous sommes 6 français au sein du Vert et Or à préparer la saison et tout se passe bien pour chacun d’entre nous, de ce que je peux voir.

- V.D. : Nous sommes 6 français dans le V&O, je ne m’attendais pas à ce que l’on soit tant, une petite communauté. Tout se passe bien pour chacun d’entre eux, tant au niveau du foot qu’aux études, ils sont là depuis plus longtemps que moi et sont déjà bien installés.

- Comment vois-tu ton avenir après Sherbrooke ?

- D.M. : Si je n’ai pas d’autres opportunités dans le football au Canada, je vais voir pour faire une ou deux saisons en Europe. Mais je compte rester au Québec, je m’y sens bien. Je me concentre sur mes études et le football actuellement. Nous verrons pour la suite quand il sera le temps d’y réfléchir.

- V.D. : A la fin de mes études, si je n’ai pas d’opportunité professionnelles concrètes, je rentrerai en France finir ma licence, et je pense faire une ou deux saisons en Europe pour profiter encore un peu du football avant de réellement rentrer dans la vie active.