4th & Goal et le baseball: L'interview complète.

Un nouveau numéro de « 4th& Goal » vient de paraitre.Vous y trouverez notamment un dossier complet sur le football rhônalpin (dont je vous parlerai un peu plus tard) et cette interview que j’ai faite fin octobre de Armand Varnat, Président de la Ligue Rhône Alpes de Baseball et Softball, deuxième volet de la série sur les « autres sports US en France ».

Pour des raisons de place « 4th&Goal » a du faire quelques coupes dans l’interview, vous trouverez ici son intégralité !

- Tout d’abord quelles sont vos responsabilités tant clubs que fédérales ?

- Je suis Armand Varnat et j’interviens dans le Baseball Softball au niveau régional et fédéral. Au niveau fédéral, je suis membre du Comité Directeur de la FFBS et président de la Commission Fédérale Scolaire et Universitaire et au niveau régional, Président de la Ligue Rhône Alpes Baseball Softball.

J’ai abandonné mon activité en club vu la charge de travail de mes 2 autres postes et j’ai cédé la présidence du club que j’ai créé en 2006 dans l’Ain dont je ne suis plus que Président d’Honneur.
- Quelle est aujourd’hui la situation du baseball tant dans votre région qu’au niveau national ?

- Le baseball très développé en France avant la seconde guerre mondiale (+ de 45 000 licenciés) a connu un déclin régulier jusque vers 2006/2007 (8 000 licenciés). Actuellement, suite à la politique de développement mise en place par le Président de la FFBS Didier Seminet et son Comité Directeur, nous pouvons dire que le baseball reprend du « poil de la bête » et retrouve une croissance au dessus des normes de beaucoup d’autres sports. +15% de licenciés / an en moyenne et entre 5 et 10 clubs voient le jour chaque saison. Nous sommes à 12000 licenciés à ce jour pour environ 210 clubs. Les Ligues qui adhérent et suivent la politique fédérale connaissent le même essor et Rhône Alpes qui a mis en place un programme spécifique de formation et d’initiation est légèrement au dessus de ces chiffres : + 20% en nb de licenciés en 2012 et autant en 2013 (environ 800). Quant au nombre de clubs, il est passé de 7 en 2007 à 14 en 2013 avec la perspective de 2 nouveaux clubs pour 2014 dont un à Lyon intra muros. Nous sommes sur une pente ascendante et nous comptons bien atteindre avant la fin de notre mandature le nombre de 1200 joueurs, ce qui est notre objectif.

A noter que Rhône Alpes est la 3éme des 22 Ligues de métropole et d’outre mer tant en nombre de clubs que de licenciés.

- D’après vous quels sont les principaux problèmes empêchant un meilleur développement de votre sport en France ?

- Le problème n° 1 contre lequel nous ne pouvons pas faire grand-chose actuellement est celui de la culture même du français. Le baseball avec ses 12000 licenciés est un sport pratiquement inconnu en France et sa culture anglo saxonne est difficilement acceptée par le français « moyen ». Il ne connait pas = ça ne l’intéresse pas !

D’autre part, les médias nous ignorent totalement (peut être à cause d’une mauvaise communication de notre part) et de ce fait on ne parle pas de nous donc, on ne nous connait pas !

Il y a aussi une carence dans le milieu scolaire. Mis à part en Rhône Alpes ou un plan d’action (qui va être repris au niveau fédéral) a été mis en place grâce entre autre à des volontaires en Service Civique, nous ne faisons pas assez d’actions auprès des plus jeunes, qui eux, n’ont pas de préjugé. C’est le rôle aussi de ma Commission Fédérale Scolaire et Universitaire qui va signer d’ici fin 2013, des conventions nationales avec l’USEP, l’UNSS et la FFSU (en attendant l’UXEL en 2014).

- Les terrains, spécifiques pour votre sport, c’est un vrai enjeu ? Comment essayez-vous d’y faire face ?

- Vous avez entièrement raison de poser ce problème. Actuellement nous n’arrivons plus à trouver de terrains disponibles dans les grandes agglomérations compte tenu de la place prise par l’immobilier. Nous avons même des problèmes avec des terrains existants sur lesquels les mairies sont en passe de faire acte de préemption pour construire (Meyzieu – Bron St Priest).

Notre seul recours est de nous éloigner légèrement des grandes métropoles à des distances raisonnables car il n’y a que prés des grandes villes que nous nous heurtons à cette situation. Exemples récents de clubs implantés en Rhône Alpes : Fontaine St Martin - Colombier- Saugnieu ou St Jean d’Ardiéres.

Nous avons aussi et je parle essentiellement de Rhône Alpes car je suis au cœur du sujet, la possibilité de récupérer des terrains encore existants mais inutilisés depuis des années. Le dernier exemple est celui de La Doua à Lyon qui va être réhabilité grâce à une Convention signée tout récemment avec l’ASUL.

Dernier point concernant les terrains et ça concerne encore Rhône Alpes mais avec une vocation européenne et mondiale : la construction d’un complexe dédié à nos sports dans le grand Lyon à la demande de l’IBAF, celle-ci souhaitant que Lyon devienne le pôle de l’Europe de l’Ouest du Baseball Softball. Les négociations entamées depuis un an et demi devraient se finaliser courant Novembre prochain.
Ce complexe sera composé de 4 terrains dont un pour le softball, un en synthétique, un avec éclairage et des gradins. Le nom de cette structure : LE TREFLE.

Toutes les Ligues n’ont pas de tels projets et se heurtent régulièrement à ces problèmes d’implantation, malheureusement.

- La médiatisation d’un sport comme le vôtre en France est difficile, quelles actions menez-vous pour rendre le baseball plus visible ?

- Notre Fédération est consciente de cela. Les médias nous ignorent, on peut utiliser ce terme sans problème. Je n’inclus pas dans ce terme « médias » les quelques bénévoles correspondants d’un journal qui font de leur mieux pour sortir un article et une photo de l’équipe local quand ils le peuvent ….

Au niveau national, la réaction ou plutôt l’action est en train de se mettre en route. Pour la première fois depuis sa création, la France reçoit le 23 Novembre prochain l’EBLT (European Big League Tout) à l’INSEP à Paris. Cette manifestation autour des 5 meilleurs joueurs actuels de MLB sera relayée par les journaux et les télés.
D’autres manifestations de ce type ayant une retombée, nous l’espérons auprès du public français sont d’ors et déjà planifiées avec notamment la venue de 4 clubs de MLB pour un tournoi au Stade de France en Avril 2015.
C’est à travers ces actions que nous pensons pouvoir élargir notre visibilité auprès du public et ainsi donner l’envie aux jeunes et moins jeunes de nous rejoindre.

- Comment se situe le baseball français par rapport aux autres grands pays européens ?

- Au classement européen, la France se situe globalement à la 5éme place derrière la Hollande (Championne du Monde en 2013 !), l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne.
Par contre les résultats obtenus par nos équipes nationales depuis 2 ans montrent une montée en puissance de nos différents groupes :
2012 : Champion d’Europe baseball U21
Vainqueur Qualifier Groupe B baseball 18U
Médaille de bronze au Championnat d’Europe softball U22
Participation au World Baseball Classic Qualifier 2012

- Certains pays vous inspirent ils pour le développement du baseball ici ?

- La réponse est simple. Nous observons ce qu’il se passe chez nos voisins européens pour en retenir ce qui marche mais nous ne souhaitons pas copier les modèles hollandais ou italiens par exemple. Notre objectif est d’avoir un baseball « à la française ». Un exemple tout simple et significatif, nous francisons de plus en plus les termes employés durant le jeu, qui jusqu’à maintenant n’étaient qu’en américain.

- D’après vous quels sont les atouts et les faiblesses du baseball français par rapport aux autres pays européens ?

- Nous avons un atout majeur par rapport aux pays européens classés devant nous. Partant de très bas (nb de licenciés, nb de clubs), la dynamique mise en place par notre Fédération, si elle est suivie par toutes les Ligues ne peut que nous faire progresser et tirer le baseball et le softball français vers le haut. La mise en place de championnats universitaires, secondaires et primaires est un de ces atouts. En fait, sans rentrer dans tous les détails, nous allons bientôt être au niveau de nos collègues européens pour le développement, ce qui jusqu’à maintenant était notre principale faiblesse.

- Que pensez-vous de la ligue pro italienne ?

- Je dirai que c’est un bel exemple de réussite de notre sport en Europe. Mais nous n’en sommes pas encore là. Nous avons quelques équipes qui évoluent en Elite chez nous. Seul le club de Rouen est capable de rivaliser avec les équipes étrangères, ce qui est peu. Tant que ne serons pas plus développés, et compétitifs, nous regarderons ce qui se passe chez nos amis transalpins non pas avec envie mais plutôt comme un but à atteindre, en prenant notre temps.

- Le baseball n’a pas été retenu (pour l’instant ?) pour redevenir sport olympique. Quels impacts cela va-t-il avoir pour le baseball français ?

- Personnellement, je suis déçu comme la plupart des autres joueurs français, mais compte tenu de notre situation, je ne pense pas que le baseball français soit impacté par cette absence aux JO. On peut toutefois regretter l’aspect « vitrine du sport » que sont les JO ce qui aurait sans doute permis à beaucoup de téléspectateurs de découvrir notre sport. Mais la France n’y aurait pas participé et comme nous sommes assez chauvin …no comment ! Mais les tractations avec le CIO ne sont pas terminées …..

- La NFL investit dans son produit en essayant de vendre son produit en Europe avec l’organisation de matchs, les MLBs ont un temps fait pareil (matchs à Tokyo…) mais semblent depuis plutôt miser sur la formation, la détection des talents. Comment voyez-vous leur implication dans le développement du baseball européen ?

- Peut être est ce que c’est ce que la MLB fait dans les autres pays européens. En France, cette politique de matchs de démonstration si elle a existée, remonte à des lustres. Par contre nous sommes demandeurs puisque comme je l’ai dit plus haut, nous accueillons l’EBLT en novembre 2013 et un tournoi avec 4 équipes de MLB en 2015. Les japonais attendent avec impatience la création du TREFLE pour nous confier l’organisation annuelle des World Baseball Chidren’s Fair, l’équivalent des championnats du monde des moins de 12 ans.
Par contre nous sommes très favorables à leur politique de formation pour laquelle nous obtenons une aide humaine, avec la venue régulière de coachs américains ou canadiens qui organisent des clinics dans différents clubs français et une aide matérielle .Et là je reprends l’exemple de Rhône Alpes : après avoir rencontré Dan Velt et Pat Wilson les patrons de LITTLE LEAGUE en Février 2012, nous avons reçu de quoi équiper toutes nos équipes jeunes de Rhône Alpes. Après des discussions avec le Consul des Etats Unis à Lyon et le Gouverneur de Louisiane, nous attendons l’arrivée en Novembre d’un paquetage de 320kg de matériel pour nos initiations dans le scolaire et l’universitaire.

Pour nous, cette implication est positive dans la mesure où, hormis les stages de formations, nous avons toute latitude pour développer notre sport grâce au matériel fourni. Il n’y a pas d’ingérence dans notre politique de développement mais une aide de plus en plus présente.

- Une bonne partie des meilleurs français et de l’équipe de France joue à l’étranger et en Amérique du Nord, une bonne ou une mauvaise chose ?

- Actuellement, nous devons faire avec…. Donc c’est une bonne chose pour que l’équipe de France soit présente dans les compétitions internationales. Il est bien évident que notre souhait le plus cher est qu’une équipe composée de 100% de joueurs évoluant en France participe à ces compétitions. Mais soyons réalistes, quel est le sport actuellement ou nous n’avons que des joueurs évoluant dans le championnat national titulaire dans son équipe de France ?

- La percée d’un jeune français au plus haut niveau nord-américain est-elle possible à court terme ?

- Régulièrement depuis quelques années nous avons de jeunes français draftés par des équipes de MLB (Major League ou Minor League).
Actuellement Andy Paz est chez les Oakland A’s et Alexandre Roy joue au sein des Seattle Mariners. Sans vouloir être pessimiste, nous constatons que l’expérience vécue par leur prédécesseurs n’a pas durée très longtemps mais le coté positif c’est que ces jeunes sont revenus avec une autre vision du jeu, une connaissance du très haut niveau qu’ils font partager aux joueurs qu’ils côtoient réguliérement.
Nous n’avons pas encore trouvé notre Tony Parker !!!!

- Quelle image avez-vous du football américain français ?

- Je dirai que je mets en parallèle le football américain français et le baseball softball, ne serait que dans la terminologie que vous employez : français ! Dans mes premières réponses je vous ai parlé de baseball « à la française »….
Par contre, en côtoyant quelques clubs (depuis trop peu de temps malheureusement) j’ai l’impression que votre politique de développement est en avance sur celle du baseball. Mis à part ça, je crois que nous rencontrons pratiquement les mêmes problèmes que ce soit médiatiques ou autres. Je reste persuadé que des actions de communication communes seraient positives pour nos deux sports et j’espère trouver de l’écho à cette suggestion.

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