En général quand vous parlez avec des gens qui connaissent
bien le sport en Europe et aux Etats Unis on arrive généralement à être d’accord
sur la supériorité des sports US du point de vue structures et organisation sur
pas mal de points. La Draft, les Salary Caps, la qualité des ligues, les
calendriers, le respect du maillot, des fans, les stades, beaucoup beaucoup de
choses font pencher la balance vers les US. Mais il y a une chose que bien
souvent on regrette côté championnats « à l’américaine » : Le
système de montées et de descentes entre les différentes divisions de chaque
sport. Un système qui permet à des clubs d’émerger, qui peut en faire
disparaitre d’autres mais qui apparait pour la plupart des observateurs neutres
bien meilleur que les créations ou déménagements de franchises que l’on connait
dans les ligues outre Atlantique.
Pourtant, à tous niveaux, cette marque de fabrique du sport
européen semble, en tout cas en France, de plus en plus menacée...
Au départ le principe est simple et particulièrement
efficace : Les équipes qui finissent dans les derniers rangs d’un
championnat sont remplacés la saison suivante par les meilleures du niveau d’en
dessous. Le système permet d’adapter au fur et à mesure des années les
évolutions dans un sens ou un autre des différents clubs qui obtiennent sur le
terrain, et le sur le terrain est crucial, le résultat de leurs bonnes ou
mauvaises politiques tant sportives qu’extra sportives. L’adage semblait jusqu’à
peu éternel et définitif : « La vérité est sur le terrain ». Mais
ça, comme disait l’autre, « c’était avant ».
Aujourd’hui ce principe est partout battu en brèches. On a
vu il y a quelques années un club de soccer qui ne pût accéder à la Ligue 2 à
cause … de son terrain. Ben oui, c’est bien connu pour gagner en soccer il faut de belles tribunes. Moi
bêtement je croyais qu’il fallait surtout de bons joueurs… Cette année pour espérer passer de la
Fédérale 1 à la pro D2 de rugby, il a fallu en début de saison monter un
dossier ! Ce qui a donné lieu à de magnifiques résultats où des équipes
moins bien classées que d’autres ont pu jouer les playoffs d’accession à la pro
D2 pendant que ceux qui leur avaient botté le train en saison régulière
jouaient pour le titre de Champion « Jean Prat »… Champion des pauvres
ou en tout cas des moins vendeurs pour résumer. Sympa. Un championnat qui
pourrait être gagné cette saison par le SO Chambéry (en finale contre Valence d’Agen),
club qui l’an passé avait loupé la montée d’un petit point mais qui avait
annoncé, ironie du sort, qu’il refuserait cette montée au cas où il l’aurait
gagné sur le pré.
Oui car c’est l’autre tendance. Quand ce n’est pas la ligue elle-même qui
transforme son championnat soit disant sportif en vaste concours de beauté où
il faut un beau stade, des beaux sponsors, des chèques en blanc de sa mairie et
les bons contacts dans les instances pour « gagner » ce sont
carrément les clubs qui dans un vaste mouvement d’ « auto censure
sportive » décident que non,
finalement, la vérité n’est plus sur le terrain.
Et ce double phénomène fonctionne tout aussi bien dans l’autre
sens où les ligues sportives s’auto proclament experts financiers et virent
sans autre procès des équipes ne répondant pas à de brumeuses exigences extra
sportives (si l’on peut comprendre qu’un club qui est liquidé disparaisse,
pourquoi un club qui peut présenter une équipe la saison prochaine ne pourrait
pas participer au championnat pour lequel il a démontré être au niveau sportif ?)
et où des clubs s’auto mutilent à coup de vrais faux forfaits, fusions
ridicules et autres sabotages volontaires.
Les aventures de l’intersaison en cours en Ligue Magnus est
à ce niveau parfaitement symptomatique. On y cumule une fusion, un club qui ne
veux pas monter, un autre qui ne veux pas ne plus descendre et des choix « sur
dossiers » on ne peut plus opaques…
Du sport on vous dit du sport !
Ce nouveau sport « made in tapis vert » n’est même
pas lié au sport professionnel puisqu’il suffit de regarder de près n’importe
quel sport amateur pour voir des cas fleurir partout. Quelle mouche peut bien
piquer des clubs pour refuser des montées de la 5ème à la 4ème
division de sports confidentiels? Sérieusement, si tu as mis de peignées
toute l’année, ta place n’est pas où tu es aujourd’hui !! Monte et
éclate- toi ! C’est bien pour ça que tu fais de la compétition sportive
non ? Et si tu redescends l’année prochaine est ce que ce sera bien grave ?
On parle bien d’amateurs là ? Ou est ce que vous avez juste les chocottes ?
Dans ce cas je vous conseille la console de jeu, ou le parc d’à côté parce que
je crois que vous avez bien gâché votre temps, l’argent de vos licences et
surtout, surtout, sérieusement manqué de respect à tous les autres clubs qui,
eux, jouent le jeu…
Et s’il vous plait, par pitié, ne venez pas me parler d’ « argent roi »
ou de « contraintes économiques », d’aspects purement cash qui
feraient que subitement, depuis quelques années, ce serait l’argent qui
gouvernerait le monde !! Prenez un livre d’histoire du sport, ou même d’histoire
tout court et lisez ! Oui y a des riches et des pauvres et, oui, ça a
un impact sur la réussite des communautés liées à cet état économique. C’est
une règle qui a environ 7 500 ans alors ne venez pas me dire qu’ »autrefois »
on pouvait être un grand club de rugby juste avec 15 gars désintéressés ou que
l’on gagnait des titres en soccer seulement avec le génie d’un entraîneur !
Si ton club vient de gagner son championnat, que ce soit la 4ème
série régionale en volleyball ou la seconde division nationale de tennis de
table, il y a fort à parier que son budget ne doit pas être très éloigné du
club qui vient de finir dernier respectivement en 3ème série et en
première division…
Non je crois que l’origine de ce curieux mal est bien diffèrent.
Il touche à l’essence même du sport et
de l’idée que l’on s’en fait en France. Gagner sur le terrain ne compte plus
vraiment. Grandir avec son club non plus. On pardonne à des joueurs qui ont
parié de l’argent contre leur propre club, on « récompense » des
clubs qui vous font connaitre ailleurs en les virant de leurs terrains pour des
clubs mieux introduits, mieux présentables, on tue des clubs centenaires, des
rêves de gosses et des souvenirs d’anciens pour monter de beaux dossiers au
conseil régional et à la ligue nationale, on fait des règlements épais comme
des bottins qui permettent à n’importe quel malin de gagner sur tapis vert à
peu près n’importe quand. On ne joue plus, on compte. On ne gagne plus on remplit
des Cerfas en trois exemplaires.
Oh mais dis donc le père Olivier il est en train de nous
écrire un article politique là non ? Le sport français à l’image de tout
un pays ? Faites donc vos propres conclusions… J’ai un peu peur de la
mienne.
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